Roi des réseaux sociaux, candidat phénomène des élections municipales, le populaire David Lanaud du Gray est un chef d’entreprise amoureux du Dijon qui brille sous les étoiles. Plus nocturne que diurne, voici sa petite tournée des ducs.

Par Dominique Bruillot
Photos : Christophe Remondière

Monsieur « DLDG »

Sa prestation et ses performances des dernières municipales sont dans les mémoires dijonnaises. Sans être vraiment le « Coluche » local de la politique (Chef d’entreprise, il n’a pas le culte de la scène), David Lanaud du Gray avait apporté l’éclatante démonstration qu’un candidat issu de la société civile, « le candidat de la fête » en l’occurrence, peut faire bouger les lignes de la vie en politique. Des idées, une sympathie naturelle, une fausse naïveté et une bonne dose d’humour l’ont porté à 9% des voix, provoquant même, de l’avis des experts, un second tour inattendu.

Ça, c’était avant. Aujourd’hui, David est retourné à ses affaires, une société d’études de marché. Avec son indéfectible attachement à la capitale bourguignonne. Moins noctambule désormais, il garde sur elle un regard lucide et amoureux, jouisseur et bienveillant. Ce roi des réseaux sociaux, dont l’audience fait pâlir d’envie les sénateurs du coin, est informé de tout. C’est donc le guide qu’il nous faut pour une petite virée-conseil en soirée. « Le choix est vaste j’ai un peu peur de vexer les oubliés. Mais bon, je vais assumer, on aura bien l’occassion de parler des autres une prochaine fois » A la bonne heure, il a dit « oui » !

« Notre Versailles à nous ! »

La place de la Libération, « c’est un peu notre Versailles à nous et l’un de mes spots préférés » résume David, ici en charmante compagnie.

Acte 1, place de la Libération. « Un de mes spots préférés pour l’apéritif, depuis qu’elle a été libérée des voitures, il y a 15 ans, c’est un peu notre Versailles à nous. » Séduit par l’historique table des Billoux au Pré-aux-Clercs et de son corolaire le B9, par la carte sans cesse renouvelée de « l’ami Guillaume » au Café gourmand, David se plaît à cabotiner de terrasse en terrasse, pour grignoter une pizza de Karim à la « Lib » et savourer une planche de son voisin Max (Le Chanoine), « deux vrais personnages ».

Quel joli lieu que cette place où le Rich bar d’Alex rassemble aussi « la jeunesse dorée dijonnaise, un peu comme jadis le Carillon », où le BHV, sans en avoir l’air, « propose à mon goût, une des meilleures cuisines de la ville ». Pas très loin de là, les terrasses pleines de la Trinidad, de la Comédie et du dernier né, La Brasserie des Loges, ont les faveurs du gourmet trotter. Le So, le tout nouveau TFF de Grégory Kohn et la table bio de la Causerie des mondes sont des endroits où on le retrouve volontiers aussi. « Tout ça sent bon l’arrivée de la Cité de la gastronomie et des vins. »

« Digne des bars d’hôtels new yorkais »

David aurait pu déambuler dans la rue Berbisey et se poser place Zola, mais à regret, même s’il conseille volontiers la Cosa nostra, ce quartier « de vie et de fêtes » selon ses mots n’est pas dans ses habitudes. Alors, il est temps de rejoindre les halles.

« Cet endroit a un charme fou, été comme hiver » assure celui qui connaît les établissements de la place sur le bout de la fourchette. « J’ai quand même un coup de foudre pour le Speakeasy, avec son art déco inspiré du Costes à Paris et, selon moi, les meilleurs cocktails de la ville, dignes des bars d’hôtels New-Yorkais. » Accoudé au bar, avec un Long Island « classique et tellement réussi », il se laisse abordé par un groupe de « fans » trentenaires : « on a voté pour toi ! » Pas plus surpris que cela, David analyse avec flegme « Ces ambiances rendent libre la parole, ici. »

Le Quentin, à côté du nouveau bar Le Comptoir du Marché, est l’un de ses QG, , « pour le melting pot de personnalités qu’on peut y rencontrer. » La cuisine bistrot de Chez copains, les viandes du Dôme, les tables plus en vue du DZ’envies, du Bistrot des halles et désormais de l’Impressionniste, bardées de chefs étoilés, « tout cela finit par faire de ces halles, un must ».

« Des trottoirs à la parisienne »

Le dénicheur des bonnes adresses a aussi un faible pour la rue des Godrans, piétonnisée depuis l’arrivée du tram. Dents de loup et ses plats à partager, Auberge espagnole et ses tapas, Café de l’industrie, Caveau de la Chouette et leurs planches, « ces lieux prouvent que Dijon sait être populaire et raisonnable dans ses prix. »

Puis il y a la délicieuse cuisine de Chez Léon, le bouchon dijonnais, et sa table préférée, les Cariatides, avec son jeune prodige en cuisine, dont « Je ne me lasse pas. » Ce quartier des antiquaires envoie les signaux d’une belle évolution en centre-ville : « Ici pas de grandes terrasses mais des petits trottoirs à la parisienne au milieu desquels circulent les voitures. Cela a aussi son charme finalement de se retrouver entre fumeur,s devant des établissements comme le bar à vins Chez Bruno. »

Ni une, ni deux, après quelques minutes de marche, on se retrouve donc un verre à la main au comptoir de ce minuscule coin de rue où cohabitent touristes, étudiants et amoureux de la dive bouteille. « Chez Bruno je me sens à la maison. Les gens s’interpellent d’un bout à l’autre du comptoir. Il y a comme une vie de village, c’est revigorant ! »

Un bon plan quand on sort par exemple du tout proche Bento de la pétillante Madame Ping, ou du Litle Italy tenu par un autre David, « un endroit dépaysant avec de vrais serveuses italiennes ». Mais si on doit tout vous dire, il y en aura pour la nuit !

Impassible sur son trône, le roi de la fête savoure ces petites prolongations au Baltazar. « Il m’arrive parfois d’aider les gens à rentrer » ne manque-t-il pas cependant de préciser. ©Christophe Remondière

Impassible sur son trône, le roi de la fête savoure ces petites prolongations au Bal’tazar. « Il m’arrive parfois d’aider les gens à rentrer » ne manque-t-il pas cependant de préciser.

Chat noir et oiseau de nuit

L’heure tourne justement. David expose les variantes possibles de sa tournée des bars festifs. L’Alchimia, rue Auguste Comte et sa clientèle un peu artiste qui expose. Le Brighton pour les amoureux du malt et la bière. Puis la rue Jean jacques Rousseau, ce lien naturel entre les antiquaires et la place de la « Rép », où « tout est possible jusqu’à 5 heures. »

Nous y voilà. Face au temple historique de la nuit dijonnaise, la Jamaïque. La file d’attente est toujours aussi impressionnante. Privilège du « people » en vadrouille, David a ses entrées directes. Injuste pour les autres ? Peut-être mais tellement jouissif ! Gilles a fondé cette institution en 1985. Ce sexagénaire en a vu passer des personnages. Mais il trouve notre guide « excentrique et toujours adorable ». Toute le monde, d’ailleurs, s’empresse de le saluer.

Allez, maintenant, un tour chez l’ami Mario, dont la magnifique et incontournable Villa Messmer s’apparente à un club privé. Puis une bise à super Eddy de La place (une belle terrasse d’hiver pour les fumeurs) et un petit déhanchement sur une musique latine de la Salsa Pelpa. Le temps d’une énième « pause clope » David prévient : « À 43 ans, je sors moins souvent, plus aussi tard, même s’il m’arrive encore d’aller au bout de la nuit. Certains diront que ce n’est plus de mon âge d’aller en discothèque, mais encore assez souvent j’aime trainer à la Belle époque et au Chat Noir de Vanessa et Christophe le Mesnil. » Surtout pour descendre d’un étage et faire une halte prolongée au Balthazar, le club dont la moyenne d’âge est un poil plus élevée. Là, entre bulles et lumières, l’oiseau de nuit s’envole vers d’autres voyages. Dijon est encore pleine de ressources.