La transformation annoncée de la Place du 30-Octobre en un « carrefour à la hollandaise » est l’un des symboles forts de l’émergence de la mobilité douce dans l’ensemble de l’agglomération. S’appuyant sur un plan des aménagements ambitieux, elle-même pratiquante de la religion du vélo, Nathalie Koenders place cette mission au cœur de son mandat. En selle !
Elle pourrait se contenter de dire que son addiction à la petite reine est due à ses origines hollandaises. Elle pourrait mettre en avant son passé de sportive (kayakiste) de haut niveau pour encourager ses administrés à la pratique quotidienne de l’exercice physique. Elle pourrait montrer en exemple les trois vélos (course, VTT et pliable pour la ville) qui accompagnent son quotidien. Mais elle n’a pas besoin de tout ça pour battre la campagne en faveur de la mobilité douce. Vice-présidente de Dijon Métropole, en charge justement de ce dossier, première adjointe au maire et désignée de manière à peine voilée par ce dernier pour lui succéder, Nathalie Koenders croit fermement en son projet.
Plébiscite pour le vélo
Son arme : le plan des aménagements Dijon Métropole à vélo, largement distribué, qui fait apparaître en rouge un réseau déjà bien installé en centre-ville. Son ambition (autrement dit celle que l’assemblée métropolitaine a votée) est d’atteindre avec le vélo 12% de part modale en 2030. L’un des signes forts de cette tendance imprimée depuis plusieurs années sera vraisemblablement la transformation prochaine de la Place du 30-Octobre. « Elle sera un carrefour à la hollandaise », résume simplement l’élue, pour anticiper un changement radical des comportements. L’imposante statue de la Résistance qui rappelle le combat opposant les Dijonnais aux Prussiens en 1870, lequel valut à Dijon de recevoir la Légion d’honneur, plongée dans le tourniquet permanent des voitures, pourrait enfin y voir plus clair.
Rien de neuf en fait. Avant de devenir « métropole », la capitale de la Bourgogne a changé sous bien des aspects. Malgré, parfois, de forts vents contraires. Pourtant, de la même façon qu’on ne se remettrait pas à fumer dans la voiture en présence des gosses, comme cela se faisait dans les années 70, il n’y a personne pour contredire le fait que la Place de la Libération, pour ne citer qu’elle, a retrouvé son faste et son espace de respiration. Personne ne peut non plus nier que le tramway a restructuré la ville, glissant dans les veines urbaines, le bandeau de verdure qui leur faisait défaut.
Ce genre de mutations ne va pas sans brusquer les habitudes des uns et des autres. Mais globalement, les chiffres le confirment, l’air est meilleur. Surtout, pour revenir à notre sujet, « deux tiers des habitants pensent désormais que le vélo en ville, c’est l’avenir, 50% allant même jusqu’à considérer que le choisir est important pour la métropole ». Sur cette base a donc été pensé un schéma directeur vélo qui repose sur quatre piliers : aménager en toute homogénéité, favoriser et coordonner le stationnement, développer des services et installer une communication à la hauteur du défi. Avec, pour mot d’ordre, l’apaisement de la circulation sur le reste de la voirie.
Le tour de la métropole
2 millions d’euros par an sont consacrés aux aménagements, avec la priorité de favoriser les liaisons entre Dijon et les autres communes. On en voit concrètement les effets à Ahuy, par exemple, qui se dote d’une piste cyclable au profit du grand chantier conduit par l’État pour faire sauter le bouchon du rond-point. L’investissement vise aussi une séparation sécurisante des flux piétons et des flux vélos, tout en fixant la barre de la vitesse urbaine à 30 km/h. Actuellement, 336 places, dont 98 à la gare, sont réparties dans les 16 DiviaVéloPark. Le maillage de 6 000 arceaux favorise aussi la pratique cycliste. L’usager peut désormais compter sur une quarantaine de stations DiviaVélodi en centre-ville. Il dispose de nombreux services, du calculateur d’itinéraire intégré aux stations de gonflage et de petites réparations en passant par le vélo-école, fort indiqué dès le plus jeune âge, pour ne pas faire les frais d’une cohabitation mal maîtrisée avec des mobilités moins douces !
Nathalie Koenders y ajoute sa nuance sportive : « Je préfère parler de mobilité active plutôt que de mobilité douce, la pratique du vélo et de la marche à pied font du bien à la santé. » Difficile, effectivement, de dire le contraire. L’élue revendique en même temps les bienfaits de la consultation : « Pour mener à bien un réseau de 330 kilomètres de pistes cyclables et obtenir un meilleur partage de l’espace public au profit des enjeux publics et de l’amélioration de l’air, rien ne remplace le dialogue avec les maires de la métropole, les usagers et les acteurs économiques ».
Chargée des relations avec le Département, l’élue échange régulièrement avec Marie-Claire Bonnet-Vallet, présidente de Côte-d’Or Attractivité, pour que les connexions soient bien faites entre la métropole cycliste et les parcours touristiques qui constituent un gros défi pour l’économie et l’équilibre territoriaux. De nombreux autres projets couvent au nom de l’intérêt général et du vélo, dont celui de pouvoir faire d’un seul tenant et en selle, le tour complet de la métropole. La mobilité douce, ou active, placée au-dessus des clivages politiques habituels, serait donc en passe de tirer un très gros braquet.