Au carrefour d’une région carrefour, Dole est idéalement placée pour faire fructifier sa position centrale sur le nouvel échiquier régional. Entre Bourgogne et Franche-Comté, la cité historique voit loin et se positionne sur tous les fronts. Au croisement du terroir et de la culture, des saveurs et du patrimoine, la petite ville jurassienne s’ouvre au monde en cultivant sa singularité, comme nous le dit avec conviction son député-maire Jean-Marie Sermier.

Propos recueillis par Geoffroy Mohrain
Photos : Jean-Luc Petit 

En quoi la géographie de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté est favorable à Dole ?

A moins d’une demi-heure de Dijon et de Besançon, au plein cœur du nouveau territoire régional, la position stratégique de Dole est évidente. On constate déjà la multiplication des demandes de personnes ou d’institutions de la grande région qui, par praticité ou par diplomatie, souhaitent se retrouver ici : pour des manifestations ponctuelles comme les aides-soignantes (colloque de l’Espace de réflexion éthique Bourgogne-Franche-Comté à la Commanderie) ou les entreprises du paysage (assemblée régionale Bourgogne-Franche-Comté au manège de Brack) par exemple, ou pour s’installer durablement, comme la nouvelle Chambre interrégionale des métiers et de l’artisanat qui a posé ses bureaux chez nous, dans les locaux de l’ancienne usine ITT, à côté de la CCI du Jura.

La Ville va devoir faire évoluer son offre si elle veut pouvoir répondre efficacement à cette nouvelle demande…

Oui, il nous faut augmenter notre capacité d’accueil, tant en matière de salles que de services, afin de pouvoir apporter une réponse pragmatique et adaptée à ces nouveaux besoins. C’est dans cet état d’esprit que nous [ndlr : la Ville de Dole et la communauté d’agglomérations du Grand Dole] avons créé une société publique locale (SPL) intitulée « Hello Dole » qui a pour vocation le développement touristiq ue et l’accueil. Il s’agit non seulement de pouvoir proposer une salle bien calibrée, mais aussi toute une panoplie de produits à la carte autour : un transfert, un service traiteur, une visite de cave, une réunion à la Visitation [ndlr : un ancien couvent et son jardin en plein centreville], un apéro-musée, une montée au clocher… L’idée est d’utiliser au mieux nos qualités naturelles et notre patrimoine. La friche Idéal Standard (1) en est un bon exemple puisqu’elle accueille désormais un hall d’exposition de 18 000 m², le plus grand de Bourgogne-Franche-Comté (ndlr : 12 000 m² sur deux niveaux à Dijon, 9 000 m² à Besançon), qui va recevoir en octobre prochain le nouveau salon Made in Jura après quatre ans d’absence. Et d’autres grosses manifestations nationales sont déjà en négociation pour 2017…

Et la culture dans tout ça ?

Dole, classée « Ville d’art et d’histoire » depuis 1992, affiche haut la culture depuis longtemps. On poursuit nos efforts et nos engagements, notamment à travers la signature en mai 2015 d’un « pacte culturel » avec le Grand Dole et le ministère de la Culture. Au-delà des beaux discours, ce pacte nous engage à maintenir pendant trois ans nos financements respectifs en faveur de la culture. Ceci avec une ambition partagée : faire de cette culture une force émancipatrice pour les individus. Il faut être proche des gens tout en mettant la barre assez haut. Et le public répond présent, comme le prouvent les quelque 5 000 personnes qui ont participé aux 24 heures de musique classique proposées aux quatre coins de la ville par le festival Pupitres en liberté, ou encore des 40 000 spectateurs qui sont venus sur deux jours au festival gratuit Cirque & Fanfares en mai dernier malgré une météo très maussade. Sans oublier que la culture, c’est aussi la gastronomie, les saveurs, le vin, le terroir… autant de terrains sur lesquels la Bourgogne et la Franche-Comté sont plutôt bien placés. Notre prochain Week-end gourmand du chat perché mettra d’ailleurs l’accent sur toutes les AOC de la région, avec une mention spéciale pour l’appellation Arbois, la plus vieille de France, qui fête cette année son 80ème anniversaire.

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En 2015, la plateforme aéroportuaire de Dole-Jura a passé le cap des 130 000 passagers ayant transité par le tarmac de Tavaux. Un joli succès pour cet outil d’aménagement du territoire décliné à l’échelle de la grande région. Le parking gratuit et l’accès direct aux avions depuis le terminal en font un aéroport simple d’utilisation qui garantit la rapidité, la proximité et la qualité de services à ses usagers, ceux en provenance de l’agglomération dijonnaise en particulier. © Aéroport Dole-Jura

Aujourd’hui, la culture n’est plus un gros mot réservé à une élite, elle semble s’être démocratisée tout en prenant de nouvelles formes…

Oui, la culture ne se réduit plus aux beaux arts et recouvre désormais un large éventail de domaines, qu’on pourrait rassembler sous le terme d’« art de vivre ». Dans ce sens, la culture est une façon d’être, un repère, un marqueur de l’identité d’un territoire, certainement plus fort à Dole qu’ailleurs. Cette culture rattachée à un terroir, c’est l’assurance de ne pas se perdre dans l’ultramondialisation, d’avoir une singularité et de pouvoir la proposer aux autres. Avec sa programmation musicale et théâtrale, son patrimoine historique et culinaire, ses équipements pour le tourisme vélo/bateau… et la forêt de Chaux à ses portes, le Pays dolois est riche d’un certain « bien-vivre » non dénué de sens économique. Entre la culture et le monde de l’entreprise, les passerelles sont nombreuses. Le groupe Bel par exemple, installé depuis plus de 50 ans au bout de la rue du Mont-Roland (2), est à l’origine de la dernière exposition du musée des Beaux-Arts de Dole, par l’intermédiaire du Lab’Bel (laboratoire artistique du groupe Bel) et de sa collection d’art contemporain. Dans un autre ordre d’idée, si une société aussi exigeante que Dixi (entreprise suisse de micromécanique) est venu s’installer au Can (Centre d’activités nouvelles) du Grand Dole, c’est autant pour la qualité de notre main-d’œuvre industrielle (ndlr : le site Solvay de Tavaux emploie encore 1 800 salariés dont 400 par les entreprises sous-traitantes) que pour notre qualité de vie.

Pour beaucoup de Dijonnais, Dole est la ville où ils vont pour prendre l’avion. Quelles sont vos ambitions pour votre aéroport ?

C’est une infrastructure qui rentre dans un mix de transports, la ville bénéficiant aussi de très bonnes connections autoroutières (A36 et A39) et ferroviaires (TGV sur Paris, Dijon, Besançon, Belfort). Cependant, on sait qu’il existe un vrai besoin de plateformes aériennes à moins de 2 heures de Paris : à l’échelle de Pékin où l’aéroport est à 2 heures du centre-ville, on peut presque considérer que Tavaux est en banlieue parisienne ! Plus sérieusement, l’aéroport de Dole-Tavaux (3), avec sa tour de contrôle commandée par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), sa piste rénovée et sa proximité avec Dijon comme avec Besançon (à moins de 40 minutes chacune) me semble être tout trouvé pour devenir officiellement celui de la région Bourgogne-Franche-Comté. Déjà, 4 voyageurs sur 5 résident hors du département, alors que c’est le Conseil départemental du Jura qui continue à régler les quelque 3 millions d’euros de budget de l’aéroport. Pour une solution durable, il va falloir que d’autres financeurs mettent la main à la poche…

(1) Fermé en 2011, le site de production de blocs sanitaires a fait place a une friche industrielle rachetée en 2015 par le Grand Dole : sur les 58 000 m 2 de locaux couverts remis en état, 40 000 m 2 sont loués à Idéal Standard comme base logistique et 18 000 m 2 sont aménagés en hall d’exposition.

(2) Berceau d’Apéricube, l’établissement dolois de Bel (environ 500 salariés) produit 26 000 tonnes de fromage fondu par an (La Vache qui rit en majorité), dont 6 000 tonnes d’apéricubes, soit 12 par seconde (chiffres 2014).

(3) 130 000 voyageurs enregistrés en 2015 (30ème rang français environ) avec Porto, Lisbonne et Marrakech en tiercé gagnant des lignes les plus fréquentées.


Jean-Marie Sermier, carte d’identité

Né en 1961 à Nozeroy (Jura) et père de trois enfants, ce membre du parti Les Républicains (soutien de François Fillon) est issu d’une famille d’agriculteurs. Titulaire d’un BTS en production animale, il travaille à la Chambre d’agriculture du Jura jusqu’en 1992 avant de devenir viticulteur tout en menant ses activités d’élu en parallèle : au Conseil municipal de Cramans dès 1983, puis à la tête de la commune à partir de 1989, et à la présidence de la communauté de communes du Val d’Amour en 1994. Egalement conseiller général du Jura dans le canton de VilliersFarlay, il abandonne ce mandat en 2002 suite à son élection en tant que député de la circonscription de Dole face à Dominique Voynet (réélu en 2007 puis en 2012). En 2014, il est élu maire de Dole (23 000  hab.) dès le premier tour, face au maire sortant, Jean-Claude Wambst (PS).