Pernandaise de cœur, Julie Steele participe toujours aux vendanges sur sa commune, même si cette année son dos lui a dicté de les faire à la table de tri de la cuverie plutôt que dans les rangs de vignes

Pernandaise de cœur, Julie Steele participe toujours aux vendanges sur sa commune, même si cette année son dos
lui a dicté de les faire à la table de tri de la cuverie plutôt
que dans les rangs de vignes

Si les Grands-Bretons ont toujours apprécié la Côte d’Azur, Julie Steele est pour sa part tombée amoureuse de la Côte viticole, plus particulièrement d’un de ses villages les plus typiques, Pernand-Vergelesses, déjà choisi en son temps par le grand Jacques Copeau. Depuis plus de dix ans qu’elle habite ici, cette Anglaise très nature a su gagner l’amitié d’une gent vigneronne parfois un peu bourrue de prime abord, au point d’être devenue une figure reconnue de cette petite communauté de 250 âmes. À La Grappe, le petit café-resto du village où elle nous a fixé rendez-vous devant un « p’tit noir» , elle claque la bise à Elisabeth la patronne, déjà en pleine préparation du repas des vendangeurs qui s’activent sur les coteaux alentours. Comme chaque année, « pour le plaisir de partager ce temps fort de la vie du village », Julie a elle aussi participé à la récolte, « une semaine à la table de tri du domaine Denis, car mon dos souffre de moins en moins la coupe désormais ».

La francophilie de la Britannique ne date pas d’hier : « Dès l’âge de 3 ans, je partais chaque année en vacances en camping à Arcachon, ce qui a développé mon attirance pour la France et le français. J’ai découvert la Bourgogne plus tard, quand mon père est tombé amoureux de la région tardivement, suite à un coup de foudre avec un gevrey-chambertin à 40 ans ! », raconte-t-elle dans un français parfait avec un humour tout anglais.

Attirée par l’étranger, Julie part ensuite travailler en Allemagne en tant que cadre commerciale avant de revenir en Angleterre pour diriger le service Communication-Marketing d’une société de protection des animaux. Licenciée, c’est une petite annonce dans un journal anglais qui va la ramener en Bourgogne, où elle devient guide bilingue pour une chaine de croisières de luxe en eau douce, la Fluviale auxerroise. Forte de cette expérience et d’une connaissance désormais poussée du patrimoine bourguignon, elle récupère ses deux labradors laissés de l’autre côté de la Manche pour s’installer à Saint-Jean-de-Losne et monter une société de visite de cave.

Début 2005, l’arrivée de nouveaux propriétaires anglais à L’Abbaye de la Bussière (hôtel Relais & Châteaux et table étoilée Michelin dans la vallée de l’Ouche) va déterminer la suite de sa trajectoire côte-d’orienne : devenue chargée de communication de cet établissement, la consultante biculturelle pose alors ses valises à Pernand-Vergelesses, comme un aboutissement de ses pérégrinations bourguignonnes : « Pernand a toujours été mon village préféré sur la Côte, pouvoir y vivre aujourd’hui est un véritable bonheur. Ici, je suis en prise directe avec tout ce que j’aime en Bourgogne : la vigne, le patrimoine, l’art de vivre, la nature. » Et d’arpenter sans relâche les sentiers alentours ou de se rendre au travail dans la vallée de l’Ouche comme on part en vacances, « par la superbe petite route sauvage des Hautes-Côtes où les biches sont plus nombreuses que les automobiles ». Le bonheur on vous dit !