Les autoroutes APRR/AREA rayonnent sur plus de 2 300 km dont l’essentiel en Bourgogne-Franche-Comté et ont leur siège en région dijonnaise. Leur directeur général délégué Guillaume Hérent fixe le cap avant les grands départs : bien-être, environnement et tourisme de proximité sont au bout de la route.
L’autoroute a-t-elle totalement repris son rythme biologique, celui de la fameuse « vie d’avant » ?
La circulation sur autoroute est un des reflets de l’activité nationale. L’impact des mesures de restrictions de circulation était flagrant sur nos statistiques. Avec le recours davantage au télétravail, on se rend compte que les habitudes changent. Nous notons en ce début d’année des trafics affleurant ceux d’avant Covid-19, mais moins de congestions en heures de pointe. L’organisation de chacun évolue.
Plus de 20 millions de clients par an, cela oblige. Comment mesurer leur pleine satisfaction ?
Nous réalisons régulièrement des enquêtes auprès de nos clients, particuliers, professionnels, flottes poids lourds… Nous utilisons ces enquêtes pour améliorer le service rendu. Si je prends l’exemple des services sur aires, elles nous ont guidé vers l’installation d’enseignes de centres-villes, avec une attention aux habitudes : restaurations rapides, nourriture vegan, recours aux producteurs locaux et aux circuits courts, vente à emporter, développement de zones natures à l’ombre pour pique-niquer, des espaces canins, des sanitaires familles…
APRR s’est lancée dans une ambitieuse stratégie décarbonée. Quelles sont les principales voies explorées ?
De par notre secteur d’activité, nous encourageons la mobilité électrique en accélérant le déploiement des points de charge pour nos clients et aussi en interne pour nos collaborateurs. Nous accompagnons le covoiturage, en ajoutant des places de stationnement à proximité de nos autoroutes en lien avec les territoires. Nous avons aussi inauguré la première voie réservée sur autoroute en France sur l’A48 à Grenoble. Elle favorise la fluidité pour les véhicules propres et les clients voyageant à deux personnes ou plus.
Vous plantez aussi des arbres. Pour faire joli pendant le voyage ?
Les autoroutes APRR et AREA, c’est plus de 10 000 hectares appelés « dépendances vertes », à savoir les zones situées de part et d’autre de la chaussée, y compris les espaces verts des aires… soit la superficie de Paris intra-muros. Il y a une grande biodiversité dans ces espaces. Quand nous faisons des inventaires, nous observons des insectes, des batraciens, des reptiles, des mammifères de petite taille et beaucoup d’oiseaux.
Le prix à la pompe encouragerait la sobriété et le covoiturage. L’autoroute reflète-t-elle vraiment cette réalité ?
En tant qu’aménageur, notre rôle est d’accompagner ce mouvement déjà présent dans la société et d’inciter nos clients à adopter des comportements plus vertueux en facilitant par exemple les usages des mobilités décarbonées. Plus de 65 % de nos aires sont équipées de bornes de recharge électriques. À proximité de nos autoroutes, nous offrons 5 000 places de parkings de covoiturage avec un taux d’occupation de 95 % les jours de semaine. Nous travaillons aussi sur des pôles d’échanges de multimodalité aux entrées d’agglomérations.
Nous prévoyons d’équiper 100% de nos aires de service en station de recharge pour véhicules électriques à la fin de l’année. Nous œuvrons aussi à titre expérimental sur les nouvelles énergies, comme les stations à hydrogène. Nous avons inauguré en 2020 la première station multi énergies sur autoroute (A46, Mionnay). Mais un des principaux challenges à venir selon moi, c’est la décarbonation du transport routier de marchandise, dont le parc de véhicules est encore constitué à 99 % de camions fonctionnant au gazole.
La Bourgogne est un carrefour autoroutier important, en attente d’une certaine fluidité. Le « flux libre », est-ce pour bientôt ?
APRR travaille à généraliser des solutions pour fluidifier le trafic notamment pour les passages au péage, ce qu’on appelle le flux libre, ou péage sans barrière. Nous installons cette technologie nouvelle, sur l’A79 (Montmarault-Digoin) où 6 portiques se chargeront d’assurer le péage des véhicules sans qu’il soit nécessaire de s’arrêter. Nous réfléchissons à déployer ce système sur des autoroutes pour lesquelles les barrières de péage sont très fréquentées, principalement au moment des départs en vacances.
La Cité de la Gastronomie et du Vin arrive à Dijon. Viendront le réseau des Cités des Climats (Beaune, Chablis, Mâcon). Comment une entreprise comme la vôtre perçoit ces réalisations d’envergure ?
Dans le cadre du renouvellement en cours des panneaux d’animation culturelle touristique qui ponctuent les 2 323 km de notre réseau, nous avons bien noté l’attrait de nos clients envers la découverte des merveilles gastronomiques et architecturales du pays. Il est certain que ces projets vont attirer de nombreux curieux. L’autoroute doit naturellement permettre d’assurer la desserte de ces zones d’attractivité et contribuer à leur promotion.
Avec ces panneaux signés d’illustrateurs, APRR soigne son patrimoine. On a le sentiment que ce puissant outil touristique en a encore sous la pédale…
Avec ces panneaux, APRR remplit totalement son rôle premier en faveur de l’aménagement et de l’attractivité du territoire, en participant de la plus esthétique et durable des manières à sa mise en valeur, sa promotion et son développement. Effectivement, nous travaillons à différents formats nouveaux qui vont faire rayonner le patrimoine en dehors de nos réseaux, et cela dès cet été.
À titre plus personnel, que provoque en vous l’idée d’un voyage autoroutier ?
En tant qu’ancien directeur clientèle des autoroutes APRR et AREA, j’ai plutôt tendance à avoir un œil critique à chacun de mes déplacements, toujours tourné sur l’expérientiel et à la recherche de nouveaux services en lien avec les attentes des voyageurs. Mais pour moi, les vacances débutent toujours dans la voiture, le trajet en est une partie intégrante