À l’initiative de Dijon Capitale et en partenariat avec l’association qui travaille à sa reconnaissance officielle, une dégustation organisée à la boutique 20 by La Cloche a posé les bases sensorielles de l’appellation identifiée Bourgogne Dijon. Notre expert maison Jacky Rigaux reconnait déjà la signature d’un grand terroir.

Grégoire de Tours, chroniqueur du VIe siècle, écrivait dans son Histoire des Francs que les coteaux dijonnais étaient couverts de vignes. Ces dernières, à l’ouest de la ville, s’étendaient sur la côte qui nait à Chenôve, au sud, et se prolonge au nord jusqu’aux pentes surplombant la vallée de l’Ouche, du côté de Plombières. « J’ignore pourquoi ce lieu n’a pas le nom de ville : il a dans son territoire des sources abondantes ; du côté de l’occident sont des montagnes très fertiles, couvertes de vignes, qui fournissent aux habitants un si noble Falerne. » Le vin de Falerne était une référence de qualité en ces temps-là. Dès l’époque gallo-romaine, la vigne était ainsi présente sur le « Dijonnois », et faisait continuité avec l’actuelle Côte de Nuits. Les vins qui y étaient produits avaient une renommée égale à celle de ceux de Beaune, déjà très célèbres. 

Bourgogne Dijon, l’association

Au Moyen Âge et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ces vins étaient souvent encore plus estimés que ceux de Gevrey ou de Vosne, qui n’avaient pas encore ajouté « Chambertin » et « Romanée » à leur nom. À ses heures de gloire, le vignoble dijonnais culminait à plus de 1600 hectares en incluant les plantations sur Daix, Talant, Fontaine et Saint-Apollinaire. Le peintre Jean-Baptiste Lallemand illustrera la magnificence du vignoble du Dijonnois avec Dijon vu de Daix (1792), visible au musée des Beaux-Arts, avec une scène de vendanges (photo ci-contre)

Dijon n’a pas toujours su raisin garder. La généralisation du « vin commun » au XIXe siècle, associée à l’industrialisation et à l’urbanisation galopante en ce siècle, ont abouti à une régression drastique des vignes. En cherchant bien, il n’en reste qu’une quarantaine d’hectares aujourd’hui. 

Mais nous avons changé d’ère. Dijon Métropole a impulsé une politique de terroir, en rachetant le plateau de la Cras dès 2013. Dans son sillage, une vingtaine de vignerons, réunis en association sous la présidence de Jean-Luc Theuret, est bien décidée à ramener d’ici cinq ans la surface à plus de 70 ha. Deux types de terroirs vont ainsi revenir dans la lumière : les coteaux qui prolongent la Côte de Nuits ; les coteaux qui la dominent et la prolongent, au-delà de la vallée de l’Ouche, sur Talant, Daix, Plombières-les-Dijon et Corcelles-les-Monts.

Le premier vignoble commence avec une partie du climat des Valendons au sud (la surface principale est sur la commune de Chenôve), se prolonge avec le Montrecul et se termine avec les Marcs d’Or. Toutes les parcelles en friches vont être replantées en vignes. L’autre type de vignoble se compose des coteaux de la Cras, des coteaux situés sous La Motte Giron et alentours, ainsi que les coteaux de Talant ayant échappé à l’urbanisation et ceux de Daix et Plombières.

Une dégustation inédite

À l’initiative de Dijon Capitale, une première dégustation d’un échantillon représentatif de ce que pourrait être l’appellation Bourgogne Dijon a été organisée. L’objectif du petit comité monté expressément n’étant pas de s’aventurer dans un comparatif des producteurs, mais bien d’anticiper la diversité et la nature profonde des vins de la future élue. La boutique 20 by La Cloche et son gérant Charles-Antoine Musitelli ont volontiers joué le jeu, en connaissance de cause. Le résultat est à découvrir page suivante : le potentiel est là, à portée de métropole.