Ils sont frères et sœur, hyper implantés dans le paysage viticole et dotés d’une même empathie. Éric l’architecte des cuveries, Philippe le traiteur prodige et Sylvie la directrice de l’un des plus grands domaines de la côte de nuits. La famille Poillot brille sur les côteaux bourguignons. Et un, et deux et trois !

Il suffit de les regarder pour comprendre que la fratrie n’est pas à remettre en question. Les Poillot ont en commun des visages rieurs et des yeux qui pétillent. Aujourd’hui âgés entre 55 et 60 ans (on ne vous dira pas dans quel ordre), leur complémentarité est une vision de l’excellence bourguignonne.
Mon premier est un architecte expérimenté. Adepte de grandes balades et d’escalade en montagne, Éric redescend sur terre pour aller en-dessous d’elle parfois, et construire de très belles cuveries. Parmi ses récentes signatures, celle de Laurent Ponsot à Gilly-lès-Cîteaux, d’une modernité revendiquée, qui colle avec la démarche atypique du vigneron.

Mon deuxième met la main à la pâte depuis toujours. Son enseigne, le Clos du Roy, historiquement installée à Marsannay, est une référence parmi toutes. Philippe ne fait pas le traiteur dans la demi-mesure, il cuisine, il aime la cuisine. Et vient de franchir un nouveau pas en ouvrant un spacieux laboratoire avec vitrine et table de dégustation dans un village de Gevrey‑Chambertin en pleine révolution culinaire. Pour mener à bien une ambition positionnée sur le haut de gamme (mais malgré tout accessible), il s’est associé avec deux anciens de l’auberge étoilée de La Charme, le cuisinier Pierre Lebaupin et le chef pâtissier Tony Belliet, confiant la gestion de la salle et du service à Séverine Vandenheeve.

Au nom de la Sainte Bourgogne

Ma troisième se prénomme donc Sylvie. Une formation hôtelière en poche, elle a fait son entrée au prestigieux domaine de la Vougeraie, à Premeaux-Prissey en 2002, pour en devenir la très appréciée directrice générale en 2017. « Depuis la vigne jusqu’à la cave, elle est partout, organise tout, maîtrise tout ! À commencer par les clients pour lesquels elle est aux petits soins », souligne-t-on avec enthousiasme sur le site de cette grande maison qui propose, notamment, un extraordinaire Vougeot 1er cru Clos blanc de Vougeot monopole.

Personne, jusque-là, n’avait eu l’idée de réunir les trois Poillot, pourtant si proches les uns des autres. Personne n’avait eu l’idée de réparer cette injustice. Dijon Capitale l’a fait, au nom du père (qui doit être fier), de Bacchus (qui veille sur eux) et de la sainte Bourgogne. C’est donc devant les vignes du seigneur que la photo magique fut prise, non sans le sens théâtral propre aux Poillot, qui ont associé à leur image une splendide voiture de collection.

L’affaire s’est conclue le verre (de Vougeot blanc s’entend) à la main, dans les locaux à peine terminés du Clos du Roy à Gevrey‑Chambertin. La discussion battait son plein, émaillée de souvenirs croustillants et d’éclats de rire. Une famille formidable, aurait-on pu titrer à la télé. Une famille passionnée dont on aimerait bien partager le gigot du dimanche. On ne doit pas s’ennuyer chez les Poillot réunis.