La Cité des Climats et vins de Bourgogne à Chablis est la plus modeste du trio à venir. Mais elle ne manque ni de charme, ni d’histoire. L’extension du cellier cistercien du XIIe siècle imaginée par Claude Correia rend hommage à la terre, l’eau et la pierre, matrices de la vigne.

Projet : Extension du cellier du Petit Pontigny (900 m2)
Investissement : 3,2 M€
Première pierre : 9 septembre 2021
Inauguration et ouverture : Printemps 2023
Architectes : Correia Architectes & Associés

Un vaste mur, en terre et ciment, guide le visiteur vers un espace de vitres et de bois où se tient l’accueil. Un simple mur, dans un matériau aussi historique que rare d’emploi, la terre. Le BIVB, maître d’ouvrage là encore, a confié la conception et la réalisation du site à Claude Correia (Atelier Correia Architectes & Associés à Saulieu) qui a souhaité ancrer le bâtiment dans son terroir et dans sa fonction. « Le vin se caractérise évidemment par la terre dans laquelle pousse la vigne. J’ai cherché à montrer de manière physique, à travers cette terre, ses cailloux, ses ridules, ce que l’on ressent en buvant du vin », analyse-t-il. 

La Cité chablisienne jouit du privilège rare d’occuper un magnifique cellier cistercien du XIIe, le Petit Pontigny, auquel le cabinet d’architecte adjoint une aile contemporaine. La déambulation des visiteurs s’opère entre ces deux larges espaces, à travers un parcours muséal, imaginé par l’agence Atelier Adeline Rispal, dédié à la découverte de l’histoire des climats et vins de Bourgogne et l’expérience sensorielle. Au sous-sol du cellier, l’ambition se fait plus concrète encore dans le Caveau des arômes, qui invite à individualiser les arômes qui s’entremêlent dans le vin à travers des dispositifs olfactifs. Le cadre reste dépouillé, entièrement structuré par les voûtes en pierres. Les interventions contemporaines demeurent volontairement limitées : rejointement des voûtes à l’aide d’un mélange de chaux et de ciment, passage des gaines techniques et installation d’une centrale de traitement de l’air sous la charpente, pour assurer la bonne ventilation du caveau. 

Seule intervention sur le bâti, l’aménagement d’une cage d’escalier pour descendre confortablement dans le Caveau des arômes vise à assurer la fluidité de la circulation. Un ancien ascenseur, rénové pour l’occasion, assure l’accessibilité de tous les espaces aux personnes à mobilité réduite. « Nous avons cherché à intégrer le cellier cistercien, en conservant un regard admiratif pour la qualité de sa construction, ses murs très épais, à certains endroits de près d’un mètre cinquante, et ses magnifiques voûtes. L’aile contemporaine se veut une réponse humble à ce cellier chargé d’histoire, dans sa volumétrie et ses matériaux, tout en répondant aux exigences d’accessibilité et de fonctionnalités du projet du BIVB », détaille Claude Correia. 

Au coeur du L que dessinent le cellier et son extension, un jardin sera intégré au parcours de visite, organisé autour d’un bassin pour que l’eau figure aussi au menu de cette Cité du nord de la Bourgogne. Il est encore en réflexion à ce stade. Une terrasse et une cuisine permettront de proposer une restauration légère, tandis qu’une autre terrasse, aérienne, chapeaute une partie du bâtiment récent. Elle sera privatisable, et ouverte sur un vaste espace à l’étage, destiné à accueillir des dégustations ou des séances de formation. Au rez-de-jardin se tiendra l’accueil des visiteurs, ainsi que la boutique, l’essentiel du parcours culturel prenant place dans le cellier du Petit Pontigny.

Les petits mondes de Claude Correia
« Mon métier d’architecte n’est pas assez reconnu dans son essence, qui est d’apporter du bonheur et de l’amour aux gens. C’est l’utilité publique de ce métier, que j’essaye d’appliquer en toutes circonstances. » C’est ainsi que Claude Correia, né il y a 62 ans à Voulaines-les-Templiers, définit son approche d’architecte, qu’il a déclinée, le long de sa carrière, en Bourgogne et alentours. Les nombreuses réalisations de l’Atelier Correia Architectes & Associés, fondé en 2004 et dont la direction est transmise progressivement à son associé Cyril Brulé, portent cette signature humaniste, parfois appliquée à des lieux chargés d’histoire culturelle et cultuelle : l’abbaye de La Bussière a ainsi été entièrement rénovée par ses équipes, tout comme la Maison-Dieu de Mont-Saint-Jean. Pour faire revivre cette ancienne salle hospitalière du XIIe, Claude Correia a fait appel à une technique très pointue afin de créer des vitraux sans joint plomb. Les morceaux de verre sont soudés à très haute température, sans recours au métal, qui vient toujours assombrir les vitraux. « Je suis venu comme architecte dans le Morvan pour changer le monde. Je n’ai pas vraiment réussi, mais j’ai quand même changé des petits mondes, à mon échelle. »