Chaque jour, OnDjon reçoit près d’un millier d’appels. La plateforme téléphonique citoyenne alerte, informe, questionne et permet de gérer au quotidien les attentes des Dijonnais. C’est, selon son référent Denis Hameau, le succès le plus palpable du grand défi virtuel de la Smart City qui se transforme en un gigantesque data center.

Le menu de la cantine scolaire ? L’inscription des enfants au centre de loisirs ? Une anomalie observée sur l’espace public ? Il y a toujours une réponse à donner. Depuis son lancement le 30 octobre 2021, l’application OnDijon a été téléchargée 14 000 fois. Utilisée quotidiennement par des centaines de citoyens, elle a encore de la marge de progression devant elle. Ce qui n’affole pas Denis Hameau, bien au contraire. Ce succès de la plateforme historiquement appelée Allo mairie, qui se traduit par 700 ou 1 000 appels/jour, ne fait que consacrer la réalité de la smart city. On peut aller plus loin encore.

Revenons cinq ans en arrière, à Barcelone, où se tient le salon World Smart City Awards. Ce jour-là, Dijon, deuxième de la finale, échappe de peu au titre enviable de « ville la plus intelligente au monde ». 7 villes seulement, parmi 473 candidatures, ont été sélectionnées. Pari gagné pour le conseiller délégué de Dijon Métropole, infatigable VRP présentiel (à l’époque on n’abuse pas encore de ce mot) de ce grand projet.

La maîtrise de la lumière

Le groupe Bouygues, la filiale d’EDF Citelium, Suez et Capgemini sont les poids lourds économiques choisis pour embarquer un bord d’un chantier de 12 ans, qui pèse 105 millions d’euros et entraine Dijon et les autres communes de la métropole, vers la gestion en un poste unique de pilotage, de toutes les fonctionnalités dont l’agglomération a besoin.

En découle ce qu’on appelle « l’open data », un libre usage des données numériques de la ville pour tout ce qui concerne l’intérêt général du citoyen: la circulation, le stationnement, l’éclairage, la vidéo-surveillance, toute forme de dégradation de l’espace public, sans oublier les réponses que l’on peut apporter au quotidien des familles.

L’affaire est sous contrôle. Une myriade de capteurs connectés sur les lampadaires, les caméras, les feux, les véhicules d’intervention de la police ou du ramassage des éboueurs permettent d’informer et d’agir en conséquence, à tout moment. Le tout relayé par l’application désormais connue sous le nom de OnDijon. Ce qui permet, au passage, de réaliser d’importants retours sur investissements, dont 1 million d’euros d’économies réalisées par l’équipement en leds et la gestion rigoureuse de l’éclairage public.

Lancée en octobre 2021, l’application OnDijon revendique un niveau d’intégration des services particulièrement complet : qu’il s’agisse de voirie, de gestion de l’eau, d’éclairage, de propreté, de travaux, tous les services concernés sont connectés au système OnDijon et sont donc susceptibles d’être mobilisés depuis l’app mobile. © Dijon Métropole / OnDijon

Une « data factory » au campus ESTP-ESEO

Big brother, OnDijon ? Denis Hameau, qui n’a rien d’un gourou, se veut rassurant sur ce point : « Dans tous les domaines visés, nous avons à présent la capacité de récolter dans le respect du RGDP et des libertés publiques, des données et d’en faire une ressource pour l’innovation de notre territoire ». Ces fameux datas qui, sous bonne garde et bonne utilisation, peuvent accomplir des miracles. « Nous avons fait progresser l’attractivité de notre territoire en matière d’enseignement Sup et Recherche avec l’extension d’écoles (Esirem, Sciences Po, CESI…) et l’installation de nouvelles écoles (ESEO, ESTP, Ferrandi). » De nouveaux métiers et donc de nouvelles formations découlent aussi de cette libération de l’information.

L’open data ne se limite pas à la vigilance et au bien-être immédiat du citoyen. Il accueille d’autres datas comme ceux de Prodij et Odivea, et fait place à des thématiques à plus long terme comme celle de la végétalisation. Un faisceau complexe et enrichi en permanence dont l’analyse permettra, à une autre échelle, « d’évaluer l’impact positif de tous ces projets dans la construction d’un territoire durable et responsable ».

Dans le grand bal des anglicismes et des acronymes que fait danser le monde numérique, il convient finalement d’en ajouter un qui devrait peser lourd dans l’aboutissement du projet de smart city : « data factory ». Ce lieu carrefour de l’innovation avec les citoyens, les services publics et les entreprises siègera au cœur du campus ESTP-ESEO. En toute situation, cela nous ramène à certaines réalités : le monde virtuel, comme les autres, a en effet besoin d’un pied à terre pour faire son œuvre.