Odivea gère l’eau et l’assainissement de l’agglomération. Dijon Métropole en détient 49 % des parts, le groupe Suez a le reste. En prenant place aussi fortement dans l’exploitation de son réseau, la collectivité veut prouver que l’usager sera servi mieux que jamais et aux meilleures conditions. Antoine Hoareau, président de la société d’économie mixte et vice-président de Dijon Métropole, sort ses arguments du robinet.

Assainissement et gestion de l’eau ne font qu’un. C’est tout l’enjeu de la première Semop (Société d’économie mixte à opération unique) qui regroupe ces deux grandes missions en France. Le 1er avril 2021 (cela ne s’invente pas), Odivea a été portée sur les fonts baptismaux aux noms de Dijon Métropole (49 % des parts) et de Suez (51%). Cette présence forte de la collectivité dans un secteur aussi sensible prétend garantir une gestion au plus près des intérêts des habitants du territoire. Avec un « O » qui symbolise la vision à 360 degrés du cycle de l’eau, un « div » qui signifie « fontaine » et rappelle en même temps l’origine étymologique de Dijon, ainsi que les deux dernières lettres placées là comme une évidence : « e » pour eau, « a » pour assainissement.

80 personnes travaillent pour Odivea, et 15 des 23 communes de l’agglomération en dépendent. L’entreprise se veut dijonnaise à 100 % et étend ses services à la défense incendie, à « l’eau verte », aux avis de crues et aux eaux pluviales. Une canalisation est fatiguée ? C’est elle qui répare. 

Précieuse… mais moins chère

C’est elle aussi qui pose à l’été 2021 la première pierre de l’unité de méthanisation, derrière l’actuelle station d’épuration Eauvitale de Dijon-Longvic, vouée à produire du biogaz issue des boues avant de devenir le courtisé biométhane. Elle encore qui sécurise l’alimentation en eau des communes membres de la Semop, mais aussi des 41 communes de Côte-d’Or raccordées au réseau de la métropole.

Deux ans à peine après la mise en route de ce nouveau mode de gestion, Antoine Hoareau se montre très positif. Le vice-président de Dijon Métropole est sur son terrain. L’eau, l’assainissement et la prospective territoriale sont sur sa carte de visite d’élu : « Nous avons désormais une vue exhaustive des flux financiers et nous co-décidons de tout. » Ce qui aurait permis de mettre sous contrôle les effets de la crise, voire de « baisser les prix dans un premier temps et de juger ensuite qu’il n’était pas nécessaire de les augmenter malgré l’inflation subie par le secteur ».

De manière sonnante et trébuchante, cela se traduit par 3,71 euros le mètre cube contre 3,97 avant. Avec ses 35 000 abonnés, Odivea gère un budget de 36 millions d’euros. Ce qui donne une certaine idée de ce qui se joue dans nos robinets.

Le miracle du Suzon

Face à la sécheresse et aux nombreuses menaces qui pèsent sur les réserves, « l’un des enjeux de notre travail est la lutte contre les fuites ». Et ça marche. Antoine Hoareau le souligne en opposant deux équations distantes de 17 ans : 25 millions de m3 prélevés en 2005 pour 275 000 habitants servis ; en 2022, ces chiffres sont respectivement de 20 millions et 300 000. En conclure qu’on se lave moins qu’avant à Dijon serait d’un cynisme total.

En revanche, la ville peut dire merci à l’un de ses génies, l’ingénieur Darcy. Henry de son prénom a fait des miracles. Les 12 kilomètres de son aqueduc qui relie la rivière du Suzon au réservoir de la Porte Guillaume, sous le jardin qui porte son nom aujourd’hui, ont fait historiquement de Dijon, dès les années 1840, la ville d’Europe la mieux desservie en eau après Rome.

La capacité de cet approvisionnement historique est de l’ordre de 8 millions de m3 par an. Mais l’essentiel de l’approvisionnement provient du champ captant de  Poncey-lès-Athées, dans le val de Saône, soit 30 millions de m3 maximum autorisés. Les sources de Morcueil (4,5 millions de m3), situées sur la commune de Fleurey-sur-Ouche, ainsi que le champ captant des Gorgets (3,6 millions de m3) le long du canal de Bourgogne complètent le carré des ressources en eau pour l’agglomération dijonnaise. « Des espaces sanctuarisés », pour reprendre l’expression d’Antoine Hoareau, dans un contexte où cet or aussi limpide que transparent « est le bien de consommation le plus contrôlé de France, avec 450 analyses par an ». Des contrôles auxquels tout un chacun à accès. L’ARS en publie les résultats sur le net. Aux dernières nouvelles, soyez rassurés, tout est ok pour l’eau de Dijon. Santé ! 


La petite histoire : Henri Navier, le dijonnais qui savait comment l’eau coulait

Dijon doit tant à son hydraulicien Henry Darcy. Dès 1840, grâce à lui, on pouvait boire aux fontaines. Mais en matière d’eau à Divio, un Henry peut en cacher un autre, en l’occurence avec un « i ». Henri Navier (1785-1836) a marqué l’histoire autrement. 

Né à Dijon, ce polytechnicien a mené une brillante carrière d’ingénieur et de mathématicien. Expert en construction de ponts suspendus, il est surtout à l’origine de l’équation Navier-Stokes (1821), déterminante dans l’histoire de la mécanique des fluides.

Grâce à lui, on peut prévoir le comportement d’un liquide en mouvement à l’intérieur d’une canalisation. Très utile pour résoudre des « petits » casse-têtes d’écoulement comment peuvent en rencontrer, au hasard, les ingénieurs de la Nasa…

À Dijon, la cinquième unité de production d’eau potable de Dijon Métropole (après Poncey-lès-Athée, Marsannay, Longvic et Chenôve) porte le nom d’Henri Navier. Inaugurée en mars 2019, boulevard Kir, elle traite par ultrafiltration les eaux provenant de la source de Morcueil. Sa capacité de production est d’environ 600 m3/h, soit près de 25 % du besoin moyen journalier de Dijon.