Franck Dujoux dans le salon-bibliothèque de sa demeure montbardoise. Son bureau est à quelques pas, aménagé dans une petite extension donnant directement sur le jardin qui domine le lit de la Brenne.

Franck Dujoux dans le salon-bibliothèque de sa demeure montbardoise. Son bureau est à quelques pas, aménagé dans une petite extension donnant directement sur le jardin qui domine le lit de la Brenne.

Rien, il ne regrette rien. Ni les folles nuits parisiennes, ni son poste de directeur de création dans les plus grosses boites de pub de la capitale (Publicis, Grey), ni les heures passées au quotidien dans les transports publics…

La belle modestie de Montbard

Installé à son compte depuis une dizaine d’années à Montbard en tant que « directeur artistique et designer graphique », ce Parisien du 77 est même devenu un efficace ambassadeur de la petite sous-préfecture où il fait son trou… et plein de galeries rayonnant en réseau tout autour. « J’aime la modestie de Montbard, annonce-t-il en préambule. Je ne suis pas venu ici pour vivre dans un coin de campagne paumée, mais à la recherche d’une vraie vie citadine. Derrière son image ringarde, la ville propose toutes les infrastructures d’une sous-préfecture, avec une vie associative et une dimension humaine qui me permettent au final une vie plus riche en rencontres et en échanges qu’à Paris. »

Dans la mignonne petite maison de ville qu’il a entièrement restaurée avec son épouse, professeur de français à Semur-en-Auxois, se dégage tout le charme d’une province oubliée entre histoire industrieuse et faubourg campagnard. Côté ruelle, une belle façade de pierre percée de cinq fenêtres et d’une porte verte ouvragée agrémentée d’un heurtoir ; à l’intérieur, un vaste espace traversant donne sur une extension signée par l’atelier d’achitecture Correia (Saulieu), elle-même ouverte sur un jardin exubérant qui surplombe la Brenne, la cascade de son bief et son vieux pont en arc ; en arrière-plan, la butte de la vieille ville surmontée par la tour du parc Buffon et les clochers des églises Saint-Urse et Saint-Paul.

Souvenirs de l’Auxois

Un cadre qui a immédiatement séduit cette famille parisienne en quête d’un home sweet home, déjà familière de l’Auxois depuis un certain temps : « Je connais Montbard depuis l’âge de 18 ans, en fait. J’étais à l’école des Beaux-Arts et on venait ici l’été pour travailler sur les chantiers de restauration du château de Sainte-Colombe-en-Auxois organisés par l’association Arcade (Atelier de recherche en Création Artistique et en Design). C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré ma femme (ndlr : la fille d’Edith Bricogne, la secrétaire générale d’Arcade). Pour nous, ces lieux représentent beaucoup et sont toujours emprunts de bons souvenirs aujourd’hui. »

« À Montbard, l’école de ma dernière fille (ndlr : il en a trois) est à cinq minutes, la gare à dix minutes à pied, Paris à une heure et Dijon à 30 minutes de TGV… Je n’ai même pas besoin de voiture à moi ici. Et la chance de faire un métier où il me suffit d’un peu de matière grise, d’un ordinateur bien foutu et d’une connexion internet. » Pour autant, Franck ne passe pas sa vie dans les trains : un voyage à Paris de temps en temps « régulièrement, mais tranquillement, quand il le faut vraiment seulement ». En fait, ses déplacements sur Dijon sont plus fréquents, une ou deux fois par semaine pour des réunions avec l’équipe de l’agence Cap Horn, avec laquelle il travaille régulièrement sur des budgets importants, comme la nouvelle identité de marque des Logis de France (un budget gagné contre RSCG) ou de Bourgogne Tourisme.

Acteur culturel local

Mais c’est à Montbard même que ce passionné de graphisme, de design et de communication est le plus actif, notamment à travers une forte activité associative et culturelle. Après la mise en place d’un Festival des Curiosités étonnement (trop ?) décalé pour la petite cité historique (cinq éditions de 2010 à 2014), Franck Dujoux sera à l’initiative de la Ménagerie du 27 (le numéro du local, rue Anatole Hugo) avec le graphiste-céramiste Thomas Vivant et l’illustrateur Laurindo Feliciano. Et de constater avec plaisir que « ce lieu collectif ouvert pour créer du lien, promouvoir l’échange, le partage et la créativité » soit devenu un véritable lieu de vie à l’échelle de l’Auxois, accueillant tour à tour des journées du fait main, un atelier textile, une soirée apéro-philo-cinéma, une boutique éphémère ou une exposition.

En plein réveil, le quartier de la Brenne ambitionne de faire rebattre le cœur culturel de la sous-préfecture côte-d’orienne… et Franck Dujoux compte bien y participer activement.