En prenant les rênes de l’École des Métiers Dijon Métropole, l’ancien président de la CCI Côte-d’Or joue une nouvelle partie, au cœur des enjeux de la formation et de l’apprentissage. Beau joueur, ce passionné de sport et de rugby notamment, aborde la situation avec sportivité.

Il n’a pas l’âge de ses artères. « Zaza », tout en étant d’une nature conviviale et gourmande des bonnes choses de la région, prend soin de lui. Le VTT et les soirées avec les amis à Lyon pour suivre le Lou ou, plus près de nous, à la JDA font partie de sa vie. Récemment admis dans le club des septuagénaires, on le croyait en retraite de la vie publique après son passage de témoin avec Pascal Gautheron, à la présidence de la nouvelle CCI Métropole de Bourgogne. C’était mal le connaître. Sollicité prestement par la CPME qui chapeaute le conseil d’administration du premier CFA de Bourgogne Franche-Comté, Xavier Mirepoix a accepté de prendre la présidence de l’École des Métiers Dijon Métropole. Alors, du tac au tac, on lui a demandé comment il appréhende cette nouvelle partie.

L’École des métiers, après avoir connu des moments très difficiles, semble en plein essor. Quel match comptez-vous jouer avec elle ?

L’essai a été marqué par mes prédécesseurs, il faut maintenant le transformer. Il faut conduire l’École des Métiers Dijon Métropole dans le Top 14 de l’apprentissage et la formation, parmi les meilleurs, pour la développer encore plus. On une chance inouïe : l’État a compris l’importance de l’apprentissage, qui est une voie royale pour les jeunes, mais aussi pour l’emploi en général. Si l’on en croit le président de la République, la France va doubler le nombre de ses apprentis d’ici la fin de son mandat. En ce qui nous concerne, nous avons des bâtiments à finir (ndlr, dernière tranche d’une série d’investissements qui concerne cette fois-ci la partie hôtellerie-restauration) et l’équipe est en place…

Oui, mais l’entraineur s’en va…

Effectivement, notre directrice Christine Fréquelin fera valoir ses droits à la retraite très bientôt. Son ou sa successeur(e) pourra compter sur la solidité d’une équipe de 140 collaborateurs, dont la moitié sont des enseignants, mais représente aussi tout ce qui peut accompagner les apprentis. Seul, on ne peut rien faire. Je me plais dans l’action mais je resterai dans l’humilité, y compris et surtout avec celui ou celle qui portera la responsabilité de l’établissement. Je resterai dans mon rôle de président et ne me substituerai pas à la technicité des professionnels. Cette humilité doit être notre feuille de route, on n’est jamais les meilleurs seuls dans notre coin. Je m’efforcerai de travailler en concertation avec les acteurs de l’écosystème dont nous dépendons, les élus, les syndicats patronaux, les permanents, les filières, etc.

Le savoir-être est une valeur chère à l’un de vos sports de prédilection, le rugby. Dans le monde actuel, cela vaut-il pour l’apprentissage ? Avez-vous les moyens d’inculquer le savoir-être ?

Qu’est-ce qui fait un bon apprenti ? Aimer son métier, aimer ce que l’on fait. Travailler aussi. Savoir apprendre, savoir-faire et… savoir être. Le savoir-être, c’est sourire quand un client entre, être de bonne compagnie avec ses camarades de travail, solidaire quand il le faut. Lorsque je vais à Lyon, pour suivre un match du Lou, je dîne avec les joueurs après les matchs. Peu importe le résultat, ils sont toujours disponibles et ouverts, toujours à l’écoute. Le rugby, le sport en général, je le vois de la même façon avec la JDA Dijon, cultive ces vertus. Les partenaires peuvent échanger avec les joueurs. De la même façon, nous devons renforcer le contact entre les apprentis et les chefs d’entreprise. C’est déterminant pour l’école.

Vous venez tout juste d’embarquer à bord de l’École des Métiers Dijon Métropole. Pour autant, vous devez bien avoir une vision pour elle…

Tout en restant dans une taille humaine (ndlr, 1350 apprentis, 11 millions d’euros de budget), il faudra consolider l’existant. Les rapports avec l’entreprise et les filières évoluent, comme en témoigne le partenariat signé avec Renault par notre branche auto, qui doit s’adapter aux turbulences subies par ce secteur. Il faudra aussi compenser la baisse des coûts des contrats portés par les filières, qui vont diminuer de 5 % au 1er septembre, puis à nouveau de 5 % plus tard. Avoir plus d’apprentis nous y aidera.

Donc se pose la question de l’attractivité. Comment attirer les envies et les talents dans le club ?

Il faut du courage pour ça. Côté numérique, toute formation y touche. Le secteur CHR (café-hôtellerie-restauration) représente plus d’un tiers des effectifs, un dossier à travailler dans un contexte difficile en proie au désintéressement. Il y a des remises en question à opérer. L’attractivité est le nœud du problème. Heureusement, Dijon nous offre un environnement idéal avec la Cité de la Gastronomie et du Vin ou l’arrivée de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin) qui sont de véritables pépites. On va trouver avec eux des partenariats en termes de ressources humaines et dans les événements. Rien de neuf en fait, je tenais déjà ce genre de propos quand j’étais à la présidence de la CCI Côte-d’Or.

Passer de la CCI à l’École des Métiers, pour vous, c’est un mercato avantageux finalement ?

Je suis ravi d’avoir été sollicité, mais je dois m’imprégner des dossiers. J’ai adoré m’investir dans la chambre de commerce, elle m’a donné l’avantage d’avoir abordé intensément la problématique de la formation. Mais comme on ne peut pas être bons partout, j’ai émis le souhait d’avoir deux vice-président(e)s à mes côtés : un(e) pour le secteur CHR, un(e) pour l’automobile. Revoir le mode de gouvernance est une bonne méthode pour entrer un peu plus dans les expertises.