— Du fond du gouffre au sommet de sa forme, l’École des Métiers Dijon Métropole a connu une transformation spectaculaire en quelques années. Près de 30 millions d’euros auront été et seront injectés dans l’ex-CFA La Noue pour en faire l’établissement leader de l’apprentissage en Bourgogne-Franche-Comté. Récit d’un fabuleux destin.

Petit retour en arrière. « Exposé à de graves difficultés financières récemment, le CFA La Noue va bénéficier d’une subvention du Conseil régional. Un soulagement pour les professionnels. » Cette ouverture d’un article du Bien Public date du 6 novembre 2013. Elle montre à quel point ce gros navire de l’apprentissage qu’est « La Noue », avec ses 1 300 « matelots » à bord, demeure un outil fragile. Alain Tomczak est donc heureux de recevoir François Patriat avec son chéquier régional. Le nouveau directeur de l’établissement déclare alors au journaliste du quotidien local : « Nous allons désormais pouvoir développer une stratégie pédagogique plus efficace, être plus proches des attentes des jeunes et des professionnels. » Il est en deçà de la réalité. 

Alain Tomczak ne croyait pas si bien dire en effet. En un septennat, le CFA a déjà investi 13 millions d’euros dans sa transformation. 8 millions dès 2015 pour un hébergement complètement rénové, avec « 100 chambres individuelles équipées de salles de bain et WC, ainsi qu’une cinquantaine de studettes avec cuisine intégrée ». Deux ans plus tard, c’est tout le pôle administratif et les outils de l’enseignement technologique qui sont refaits à neuf. 4,9 millions d’euros sont engagés dans cette nouvelle étape qui propulse le vieux CFA fatigué vers l’ère de la dématérialisation et des amphis. Le centre de formation d’apprentis, totalement décomplexé, se rebaptise alors École des Métiers Dijon Métropole.

Alain Tomczak et Christophe Le Mesnil, duo directeur-président de l’École des Métiers

Un nouveau pôle restauration/sommellerie

Changer de nom est un signe fort, qui couronne le travail d’un président, Gérard Morice, puis de son successeur Christophe Le Mesnil, tous deux soutenus par l’activisme de la CPME locale. Le syndicat patronal a activé tous les leviers possibles pour donner de l’oxygène au centre de formation.

Alain Tomczak est l’artisan opérationnel de cette révolution. Malgré la crise sanitaire, le CFA poursuit sa marche en avant, sur les terrains de la modernisation et des nouvelles donnes de l’apprentissage. Il en fait une profession de foi : « Notre philosophie, c’est déjà de susciter la fierté chez nos apprentis et nos enseignants, on doit être fiers d’appartenir à l’École des Métiers. » 2021 lui donnera raison. Son expertise des dossiers contribuera, une fois encore, à monter un plan de financement à hauteur de 12,5 millions d’euros. Au menu principal de cette nouvelle étape dans la transformation de l’École des Métiers : la rénovation complète du pôle de restauration alimentaire. Avec deux très belles cuisines pour le restaurant pédagogique, une cuisine « masterchef » équipée de vidéos pour le tournage des cours (et autres opérations interactives), une salle de déjeuner et une salle formation dédiée à la sommellerie.

École des métiers numérique et ambitieuse

Le CFA est un village permanent de 500 à 550 actifs. Un village qui apprend, travaille, se nourrit et vit en communauté. L’arrivée de ce bâtiment sur deux niveaux avec son extension, signera celle aussi d’une boucherie modernisée, d’une boulangerie à l’étage avec un laboratoire à farine, d’un pôle pâtisserie avec un espace dédié à la chocolaterie, d’un nouvel espace charcutier-traiteur et, comme tout ce petit monde doit s’occuper aussi de lui et de ses nappes, d’ateliers pour la coiffure, la couture et la blanchisserie.

L’École des Métiers se met naturellement à la page du numérique. La 3D débarque dans l’apprentissage de la vente et de la relation client. « Les apprentis seront filmés et jugés, les outils numériques et pédagogiques les aideront à progresser, à s’auto-analyser s’il le faut », se réjouit Alain Tomczak. Et si son école est dans les bons plans d’investissement du plan État-Région, c’est peut-être aussi parce que l’apprentissage est apparu comme le grand gagnant de la crise sanitaire.

Le savoir-faire et la notion de « métier » n’auront jamais autant été salués par la classe politique. Le directeur de l’École des Métiers ne s’en montre pas vraiment surpris : « On avait un peu oublié l’importance de l’apprentissage dans la réussite de nombreux chefs d’entreprise. Je suis moi-même un pur produit de l’apprentissage, donc très heureux  de pouvoir montrer à quel point il peut être une voie royale. » Une voie très largement tracée, à en croire l’attractivité que cet apprentissage, autrefois considéré comme le plan B des études, exerce auprès d’un public issu de l’enseignement supérieur et en quête de sens. Tant mieux, car il n’y a pas que le travail dans la vie mon brave !    —