Santé des patrons, salariés volants, rebond après l’échec, jeunes dirigeants « éveillés »… sur tous les fronts, le Medef – qu’il faut désormais appeler « Mouvement des Entreprises de France » – réinvente ses actions et s’adapte au fameux monde d’après. Revue des initiatives du syndicat patronal en Côte-d’Or pour 2022, avec son président David Butet.

David Butet a été le premier à subir de plein fouet les effets dévastateurs de la crise sanitaire. « Avant j’étais dans l’événementiel, aujourd’hui je fais dans l’ameublement », résume le chef d’entreprise qui, en pleine débâcle, a malgré tout assuré sa reconduction pour un deuxième mandat jusqu’en 2024 (le dernier selon les règles établies par le syndicat patronal) à la présidence du Medef Côte-d’Or.

Son bilan, il l’assume fièrement : « En quatre ans de présidence, on a gagné 30 % sur le nombre des adhérents directs, passant de 450 à plus de 600. Même ascension du côté des fédérations professionnelles qui nous sont affiliées, qui passent de cinq à huit. » Mathématiquement, le Medef 21 représente 2 100 entreprises, « mais surtout 65 000 salariés soit 46 % de la masse salariale du département ! »

Le printemps étant synonyme de renouveau – le syndicat national a d’ailleurs changé d’appellation pour « Mouvement des Entreprises de France » –  le conseil d’administration de l’association a validé quatre initiatives de poids, qui témoignent d’une volonté de positionner l’accompagnement des chefs d’entreprise dans ce monde d’après qui aura au moins eu le mérite de mettre le doigt là où il le fallait.


1. Leaders éveillés… et retrouvés

« Durant le confinement, nous avons multiplié les échanges avec les chefs d’entreprise. Le constat était clair, beaucoup étaient en état d’épuisement. » David Butet parle en connaissance de cause. Lorsqu’il s’agit de se retrouver, de reprendre confiance en soi, la case de l’accompagnement est vide pour les patrons. Indirectement, c’est l’entreprise qui souffre et en fait les frais. Comment se remettre au sport ? Comment prendre soin de soi ? Comment retrouver son équilibre en tout point ? Ces questions récurrentes ont amené le Mouvement des Entreprises de France Côte-d’Or à créer le concept de « leaders éveillés ». Carole Girard préside la mission Compétences. Psychologue du travail et coach de métier, elle encadre ce programme de 10 journées pleines (une par mois), imaginées pour permettre au chef d’entreprise de s’évader, « de vivre des expériences pour se réapproprier son corps, de se recentrer ». Le lieu et la nature même de chacune de ces journées sont partiellement dévoilés. L’effet surprise fait partie de la « thérapie ». Quitte à partir plus ou moins loin et se laisser aller à des expériences inattendues, sportives ou mentales, toujours extraordinaires et adaptées au profil du « stagiaire ». La formule a plu à la Région, qui en assure partiellement le financement. La première « promo » de 16 patrons, remplie sans forcer, démarrera en septembre. Au niveau national, le Medef suit l’affaire de près. Génération leaders éveillés pourrait bien finir par faire des petits dans les autres territoires. 

2. Un modèle de Model

L’un des grands défis des entreprises, c’est de trouver les bonnes compétences au bon moment. Les attentes sont saisonnières et l’activité est souvent un serpent de mer. Depuis 2009, le groupement d’employeurs Sirac, basé à Lyon, s’impose comme « le spécialiste de la mise à disposition de personnel à temps partiel, partagé ou plein ». En clair, des salariés sont portés par l’association, qui règle à l’employeur habituel leur utilisation au coût réel du poste, sans marge, et refacture sa mise à disposition à l’entreprise utilisatrice. Ce système d’intermédiaire est fait de souplesse à tout niveau. Il contourne, avec l’accord du salarié, une loi qui interdit en principe le prêt de main d’œuvre. Grâce à Model, un outil RH créé par le Medef Côte-d’Or, Sirac s’offre enfin une antenne dijonnaise, sous la responsabilité de Valérie-Villard-Charroin, chef de projet (07.79.57.57.30). Là aussi, l’expérimentation est regardée de près par les hautes instances du syndicat patronal. Model pourrait bien devenir un modèle du genre.

3. De la faillite au rebond

Avant la crise, on comptabilisait environ 60 000 faillites en France. D’où cette appellation 60 000 Rebonds, qui désigne une association créée au niveau national par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs en liquidation ou proches de la liquidation. Dans notre pays, l’échec est vécu comme un traumatisme. Pour des tas de raisons, trop nombreuses et surtout inutiles à rappeler. Guillaume Mulliez, président de DIMO Software, est passé par là.
Il est à l’origine de ce collectif d’entraide qui vient d’ouvrir son antenne en Bourgogne-Franche-Comté sous la conduite d’une autre « ex-liquidé », Frédéric Liotard, dirigeant du réseau GroupeActive. Dans certains pays, cette situation d’échec est considérée comme un acte formateur pour qui entreprend. Le chemin est encore long pour gagner ce genre de vision par chez nous et, comme le souligne David Butet, « changer le regard de la société sur l’échec ». Dans les faits, le collectif 60 000 Rebonds organise un parcours de deux ans d’accompagnement avec un coach qu’il rémunère, un parrain qui, souvent, a connu la liquidation, et des réunions collectives. Au bout du bout, 40 % de ces patrons cabossés deviennent des salariés très courtisés des entreprises, 40 % remettent le couvert de l’entreprenariat et, hélas, 20% se retrouvent dans une situation délicate. Tout ne se répare pas, c’est un fait.

4. Comex 40, made in 21

L’expérience a été conduite au niveau national par un Medef en quête de jeunesse, à l’initiative du patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux. Le Comex 40 rassemble 45 membres, 23 femmes et 22 hommes, tous entrepreneurs de moins de 45 ans, dont Audrey Chaillet. La directrice de EtOH (ex-VitaVinum), agence digitale au service du vin hébergée par le Village by CA à Dijon, pilote une décentralisation bourguignonne de ce concept. « Nous allons faire un Comex 40 sur le modèle national », promet David Butet. Le projet n’est pas unilatéral, mais bien bilatéral : « Nous devons inciter la jeune génération à bousculer nos propres codes, à nous faire partager sa vision des territoires et de l’actualité. En retour, les jeunes n’ont pas toujours compris ce que nous pouvons leur apporter. » Il est vrai que la stature du Medef peut freiner les engagements des nouvelles générations. Ce Comex 40 a prouvé que les lignes peuvent bouger. Deux de ses jeunes membres fondateurs ont, depuis, pris des présidences territoriales. Fonctionnant comme un sas de décompression entre les générations, ce mécanisme devrait aussi déboucher sur d’efficaces parrainages. À Dijon, le Comex version 21 rassemble déjà une quinzaine de membres. En ce printemps 2022, la bonne graine de l’entreprenariat est donc semée.

David Butet, président du Medef Côte-d’Or depuis mai 2018, est le porte-parole de 2 100 entreprises, « mais surtout 65 000 salariés soit 46 % de la masse salariale du département ! » À bien des égards, son deuxième mandat fixe le cap du renouveau. Le syndicat national a d’ailleurs changé de nom : appelez-le désormais Mouvement des Entreprises de France. © Jean-Luc Petit

+ L’Université d’été, rebaptisée REF (Rencontre des Entrepreneurs de France) dans la foulée du changement de nom national, du Medef Côte-d’Or se tiendra le 29 septembre 2022 dans les locaux privatisés de la Cité de la Gastronomie et des Vins de Dijon, une nouvelle fois avec l’agence INNOV’events Dijon côté organisation.

+ Le Medef Côte-d’Or vient de créer sa permanence à Beaune, dans les locaux du centre d’affaires LBA, 11 avenue du 8 septembre 1944.