Les collégiens doivent apprendre à manger bon et sain tout en défendant l’agriculture locale. C’est la mission que porte le Département avec sa marque Savoir-faire 100% Côte d’Or et son cortège d’outils au service de ce que François Sauvadet appelle « la souveraineté alimentaire ». Parole de président 100% Côte-d’Or.

Depuis sa naissance fin 2019, la marque Savoir-faire 100 % Côte-d’Or s’impose sur tous les terrains. Insufflée, défendue et inlassablement portée par François Sauvadet. Dans cette démarche, l’ancien ministre ne voit pas que la légitimité d’un nom et d’un territoire. Il glisse une philosophie de la vie renforcée par les crises successives, qui redonnent à la proximité sa place au sommet des priorités. Cela étant encore plus sensible sur le terrain de l’alimentation.

« La question de la souveraineté alimentaire, déjà posée pendant le covid, est toujours d’actualité. D’autant qu’elle a permis de découvrir l’importance des producteurs et de la productivité. » Les tensions sur le marché se multiplient. La moutarde manque et le lait se fait cher. Dans le même temps, toujours selon le président du Département de la Côte-d’Or, « nous sommes en quête d’un nouveau sens, d’un retour à la nature et d’une nourriture de proximité ». 

Grand écart démographique

Dans un département comme le 21, le grand écart démographique est inévitablement un sujet hautement politique. Entre le Châtillonnais (11 habitants au km2, 107 communes) et la grande métropole dijonnaise (1 050 habitants au km2, 24 communes), cette disparité des densités, poussée à son extrême, pose la question sensible des équilibres territoriaux. « Avec la Métropole, nous avons un débat autour de la vision de la vie et de la qualité de la vie », poursuit avec précaution François Sauvadet, qui met en garde contre la mise en repli des campagnes.

La marque Savoir-faire 100% Côte-d’Or est une arme de veille et d’action : « Ce n’est pas une identité de repli mais une identité de rayonnement, une marque connectée avec son territoire. » Une marque qui, après trois ans d’existence, a conquis plus de 300 agréés et douze restaurateurs ambassadeurs, tous défenseurs de « la fierté d’être d’ici ».

Une Seine 100 % Côte-d’Or

Fin février, le Salon de l’Agriculture en a fait la célébration tous azimuts. Alors que l’on salue, entre vaches et cochons, l’éclosion du jambon persillé 100 % Côte-d’Or porté par les Salaisons dijonnaises, François Sauvadet invite tout son monde à une petite fête un peu particulière. Les membres les plus actifs de la marque, ainsi que ses pairs présidents des départements du Jura et de la Saône-et-Loire, Clément Pernot et André Accary, se retrouvent le soir-même sur une péniche privatisée pour l’événement.

La cuisine du MOF Guillaume Royer et les vins de l’appellation Bourgogne Côte d’Or célèbrent alors la naissance du Club Côte-d’Or. Sur cette Seine qui, après tout, prend sa source dans le 21, la déclaration est légitime. Ce club d’influence promet de porter les couleurs et les valeurs départementales dans la capitale française. Il a, pour premier parrain, le président de Vinexpo Christophe Navarre. En Bourgogne, on ne fait jamais rien par hasard.

La province éprouve ainsi le besoin récurrent d’exposer ses atouts à Paris pour montrer qu’elle existe. Ce vieux réflexe, reflet d’un divorce à peine voilé entre la capitale et ses territoires, rappelle au passage où se situe pourtant la source des énergies : dans la terre. Il est toujours agréable, pour ne pas dire jouissif, de se souvenir que les ressources du bien-être ne sont pas entre deux immeubles, mais là où le paysage donne de la perspective.

Le champ des possibles

François Sauvadet en a fait son cheval de bataille. Dans un département comme la Côte-d’Or, qu’il ne cesse de surnommer « la petite France agricole », le champ des possibles est immense et fertile. On peut facilement y organiser « un plan alimentaire territorial » et recruter une logisticienne pour que « le temps du collège devienne un temps d’acculturation aux goûts et aux métiers qui font le goût ». L’objectif est aussi clair qu’ambitieux : alimenter la totalité des 15 000 collégiens demi-pensionnaires avec 80 % au moins de produits locaux. Sur un volume annuel de 1,6 million de repas, ça en fait du circuit local.

Ehpad, collectivités et regroupement des cantines sont les axes fondamentaux d’un dispositif qui se projette sur des cuisines centrales en Auxois et dans le secteur de Pontailler-Val de Saône. L’acculturation touche toutes les couches de la population. Ce plan alimentaire est conduit en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture. Il s’accompagne d’un projet de maraîchage bio à Perrigny-lès-Dijon et d’une grande légumerie entre la plaine dijonnaise et le Val de Saône. Les planètes vertueuses du circuit court sont alignées. En mangeant, le collégien en apprend beaucoup sur l’équilibre alimentaire. Il se régale sainement et soutient l’agriculture. Social et art de vivre font assiette commune.

Dans le même temps, un certain nombre d’outils ont été mis en place pour que la population, où qu’elle soit sur le territoire, développe sa relation au terroir. La plateforme Agrilocal 21 met en relation les acheteurs de la restauration collective avec les producteurs et éleveurs. L’application mobile Savoir-faire 100% Côte-d’Or fait de même à l’attention des consommateurs. Des distributeurs de produits locaux poussent dans l’Auxois. 

Et même – nous ne sommes pas pour rien dans le plus beau vignoble du monde – une exploitation viticole cultivée en propriété et ouverte sur l’insertion à Pommard. Le Département doit en effet montrer l’exemple. Il produit lui-même ce Bourgogne Côte d’Or qui abreuve (avec modération) le sillon de ses réceptions. Vive les RP en circuit local !