— Côté Dijon, on connaît le Nudant des autos. Côté Beaune, on connaît un peu mieux le Nudant des vins. C’est donc en famille, entre cousins, que Dijon Capitale a fait la dégustation Nudant by Nudant, réunissant autour d’un verre le concessionnaire et le vigneron. On n’est jamais en Bourgogne par hasard.

Nudant, dans l’esprit d’un Dijonnais, cela veut dire Volvo, Land Rover, Jaguar et Alfa Romeo. Le concessionnaire a déjà une longue histoire automobile derrière lui. Pierre et sa sœur Valérie perpétuent, dans la droite ligne de leurs parents, une tradition qui fait de leur patronyme une marque à part entière. Ce serait pourtant un peu court que de limiter la famille à ça. Le nom de Nudant a une résonance totalement bourguignonne… 

Flash-back. Nous sommes en 1453. Charles le Téméraire a mis une branlée aux Flamands rebelles de Gand. Il n’est « que » comte de Charolais. Mais ne sait pas encore que les Suisses, vingt-cinq ans plus tard, auront sa peau dans une bataille perdue pour lui. Pendant ce temps, les vignes bourguignonnes abreuvent nos soldats du « sang » de nos terroirs. À Aloxe-Corton, un certain Guillaume Nudant s’attelle à faire de son mieux pour, déjà, produire du bon vin. Drôle d’histoire. On retrouve un Guillaume Nudant en 2020, lui aussi vigneron. Avec sa sœur Aurélie, ils viennent de reprendre, à Ladoix-Serrigny, le domaine familial de 17 hectares répartis entre les Côte de Nuits et Côte de Beaune, de l’appellation régionale au grand cru, laissé par leurs parents, Marie-Anne et Jean-René. « Ce sont mes cousins », explique fièrement Pierre. Alors, ni une ni deux, on saute dans la Volvo du concessionnaire pour voir sur place si le vin est aussi bon qu’on le dit. « Avec Jean-René, on aime se retrouver à la chasse, en compagnie d’amis beaunois », raconte Pierre, dont on connaît la passion sans borne pour l’art cynégétique. On ne sera pas déçu.

Deux cousins réunis au nom de l’art de vivre : Jean-René Nudant d’un côté, représentant d’une très vieille famille de Ladoix-Serrigny, exploite avec son fils Guillaume un domaine de 17 ha. De l’autre, Pierre Nudant, concessionnaire multimarques installé à Chenôve, fidèle aux valeurs du terroir et notamment à celles du Stade dijonnais. 

Trophées de cervidés

Le vigneron est franc du collier, à l’image d’un parcours qui le place parmi les indépendants respectueux (ils ne le sont pas forcément tous) de leur terre et de leur environnement. Fin tireur, ses citations font mouche sur le sujet. L’une d’elles a ainsi été reprise par un confrère de la presse spécialisée : « Un hectare de vigne produit moins de fruit et de bois qu’un hectare de forêt. A-t-on jamais vu mettre de l’engrais dans une forêt ? » Fermez le ban !

Quelques trophées de cervidés rappellent en même temps l’approche concrète, tout sauf naïve, que l’on a ici de la nature. À sa façon, mais sans fusil, la nouvelle génération s’inscrit dans la mouvance verte. « Nous sommes fiers d’avoir, en 2019, certifié le domaine en HVE (ndlr, Haute Valeur Environnementale) parce cette démarche nous implique au-delà du périmètre des vignes », explique Aurélie, 32 ans. La responsable commerciale salue en même temps la vision de son vinificateur de frère, 37 ans : « Guillaume préfère vendanger tôt, des vendanges manuelles exclusivement, il va chercher de la vivacité favorable à la garde. » Pour les rouges par exemple, tout est fait pour exhaler le fruit : macération pré-fermentaire à froid, jusqu’à 18 mois d’élevage avant la mise en bouteille.

Nudant, alchimiste et artiste

Le domaine s’appelle toujours Nudant, les vins sont toujours aussi bons, mais ils ne sont pas forcément les mêmes. Anne-Marie, l’épouse d’origine canadienne de Guillaume, est tombée en amour (expression typiquement québécoise) du vignoble et du vigneron lors d’un stage, il y a bien des années. Elle travaille aujourd’hui avec la famille et en retire cette réflexion admirative : « Un vinificateur c’est un mélange entre l’alchimiste et l’artiste. »

Pierre connaît bien ce type de dualité. Le monde de l’auto navigue aussi entre deux mondes. Entre une dimension utilitaire au sens strict du terme et des sensations esthétiques et sportives qui relèvent de la passion. Côté vin, cependant, il n’a pas de doute et déclare son penchant pour « un vieux corton-bressandes ou un aloxe-corton du monopole du domaine, le Clos de la Boulotte ». N’étant pas du genre à intellectualiser son propos, lorsqu’on lui demande pourquoi ce choix, il répond : « Parce que c’est bon ! » Effectivement, il n’y a rien à ajouter.    —

La corvée et les autres
La palette des propositions du domaine Nudant est très représentative des belles appellations de la Côte-d’Or. Les blancs vont de l’aligoté au grand cru Corton-Charlemagne. Nous aurons une petite faiblesse pour le puligny-montrachet 1er cru Folatières, dont la robe cristalline et le nez de pêche feront tourner le plus insensible des palais. Les rouges tutoient les sommets avec deux grands crus à la carte : un Échezeaux et un Corton-Bressandes. Mais la proposition navigue aussi pas mal entre Ladoix et Aloxe-Corton, dont le fameux Clos de la Boulotte, un monopole exploité sur plus d’un hectare. Il y a aussi le premier cru « La Corvée », propriété la plus ancienne de la famille (en photo ci-dessus). Soulignons enfin, en entrée de gamme, le très charmeur bourgogne La Chapelle Notre-Dame, l’un des rares bourgognes génériques à pouvoir ainsi revendiquer son climat sur l’étiquette. De 6 euros (vin de France « Rouge Coquine » !) à 99 euros (Echezeaux 2017), tout ça vise très juste.
Visites sur réservation, dégustation dans les caves du lundi au vendredi, (8h-12 h et 14 h-17 h).

Domaine Nudant 11 route de Dijon à Ladoix-Serrigny – 03 80 26 40 48 – domaine-nudant.fr

Nudant Automobiles 1 ter rue Antoine Becquerel à Chenôve – 03 80 51 50 00 – nudantautomobiles.fr