Un grand-père garagiste et metteur au point Bugatti, un père garagiste et parlementaire, Pierre et Valérie Nudant ont aujourd’hui la double responsabilité de porter un nom charismatique pour les Dijonnais, tout en gérant une importante concession automobile. Et là, pas de voie de garage possible, cette saga tourne à plein régime.

Par Dominique Bruillot
Photos : Jean-Luc Petit

1926, le garagiste et metteur au point Bugatti s’installe dans un quartier populaire de Dijon, rue Alphonse-Mairey. Le siège du garage familial y restera 80 ans. Robert Nudant y ajoute une station-service en 1958, alors que l’activité est provisoirement devenue un «  hôtel de voitures  ». Son fils Jean-Marc reprend l’atelier en 1962. C’est alors l’époque du « garage à papa », où le docteur des voitures soigne un peu tous les maux de la société civile. Il est l’homme providentiel qu’on va chercher pour un oui ou pour un non, car le mécano, en ces temps-là, est celui qui sait.

C’est dans cette atmosphère conviviale et solidaire que Pierre et sa sœur Valérie ont grandi. Ils ont suivi l’évolution d’un paternel engagé dans ses affaires et sa filière professionnelle, engagé auprès des autres au point qu’il finira par devenir un député influent de la place locale.

L’agent Simca qu’était au départ Jean-Marc Nudant s’est en effet très vite investi dans le CNPA (Centre national des professionnels de l’automobile) avant d’en prendre plus tard, la vice-présidence nationale tout en présidant le groupement des concessionnaires Volvo. Et comme on ne se refait pas, cette forme d’attention à l’autre le conduit à l’engagement dans la chose publique, laquelle chose publique le conduit sur les bancs de l’assemblée nationale, du conseil général et même de la municipalité dijonnaise aux côtés de Robert Poujade. Pas la peine de faire les choses à moitié. Une légion d’honneur viendra même saluer ce joli parcours en 2007. Voilà le bois dont était fait le garagiste parlementaire Nudant, disparu l’année dernière.

Le garagiste du centre-ville, autrefois, était celui qui soignait tous les maux. Homme public, il pouvait devenir un homme politique tout en restant de proximité, à l’image de Jean-Marc Nudant.

Le garagiste du centre-ville, autrefois, était celui qui soignait tous les maux. Homme public, il pouvait devenir un homme politique tout en restant de proximité, à l’image de Jean-Marc Nudant.

Le bruit d’une clé de 12

Pierre et Valérie sont ainsi imprégnés des valeurs familiales comme ils le sont du milieu automobile. Dans leurs yeux d’enfants, ils ont vu défiler quelques marques. Valérie est arrivée en 1987 dans l’entreprise Nudant, Pierre en 1992. La première s’est inscrite dans la droite ligne de sa mère, directrice financière du groupe. Aujourd’hui, c’est elle préside. Pierre est l’homme visible, le développeur qui va au contact de l’humain, un peu comme son père finalement. Ses troisièmes mi-temps avec ses potes du Club XV du Stade dijonnais témoignent de son généreux sens de la convivialité. Le directeur général de Nudant automobiles sait aussi que la vie ne fait pas de cadeau. Malgré un BTS en poche et un passage par l’école supérieure de commerce, il ne fut pas pour autant exempté, bien au contraire, d’avoir à suivre un parcours initiatique, étape par étape.

Depuis 2000, sa sœur et lui codirigent seuls cette concession devenue multimarques, avec une pensée toujours émue et reconnaissante pour leur celui qui leur a transmis le virus de l’auto, sans les brider à son propre système. Ce sont eux qui ont vécu et assumé le choc culturel provoqué par le départ de la concession du centre-ville pour la zone de Chenôve, où le monde automobile dans son ensemble a fortement pris pied. Land Rover, Jaguar, Alfla Roméo et Volvo cohabitent désormais sous le toit de Nudant automobiles, rue Antoine Becquerel. Quatre marques distinctes pour une même adresse, c’est un défi au quotidien, avec les contraintes que l’on imagine, une quarantaine de collaborateurs qui évoluent sur 4 000 m2, pas loin de 700 voitures vendues en 2015 et de gros investissements à venir pour répondre aux cahiers des charges des marques.

Plus rien à voir avec le bruit d’une clé de 12 qui tombe sur le béton du petit garage de la rue Alphonse-Mairey. Même si Pierre et Valérie n’oublieront jamais ce bruit.