— Dans le cadre du programme européen « Horizon 2020, villes et communautés intelligentes », le groupe EDF accompagne Dijon Métropole dans la plus importante opération d’autoconsommation collective jamais menée en France : d’ici cinq ans, une partie de la Fontaine-d’Ouche sera devenue une cité à énergie positive (qui en produit plus qu’elle n’en consomme). La transition écologique concerne aussi les quartiers populaires.

La Métropole dijonnaise, qui ambitionne toujours le titre de « capitale verte européenne », a une politique volontariste en matière de transition énergétique. Et l’ambitieux projet Response qui démarre à la Fontaine-d’Ouche se veut exemplaire. Pour preuve, c’est le seul dossier retenu cette année parmi les 12 candidatures déposées à la Commission européenne dans le cadre du programme H2020, qui finance des solutions innovantes en faveur de l’efficacité énergétique et de l’optimisation des ressources à travers des systèmes hautement intégrés. En l’occurrence, il s’agit de promouvoir le développement de quartiers à énergie positive en dupliquant des îlots urbains qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.   

Partenaire de longue date de Dijon Métropole pour bâtir « une ville solidaire, intelligente, durable et connectée », notamment autour du projet de smart city baptisé OnDijon, le groupe EDF a été dès le départ force de proposition pour projet de la Fontaine-d’Ouche : « Notre rôle sera central, puisque notre partenaire Eifer (ndlr, centre de recherche mixte EDF-université de Karlsrhue basé en Allemagne) sera le coordinateur de l’ensemble des 53 partenaires du consortium pendant les cinq ans du projet, souligne Yves Chevillon, délégué régional EDF Bourgogne-Franche-Comté. Plus largement, nous superviserons la mise en place d’un système énergétique qui permet d’intégrer une production verte et locale pour répondre aux usages d’un citoyen devenu acteur. Ce qui implique de nombreux domaines de compétences : stockage énergétique, stockage thermique, mobilité électrique, bâtiments intelligents, autoconsommation collective… » Un véritable laboratoire à échelle réelle pour le groupe EDF, en phase avec sa nouvelle raison d’être en faveur d’une économie décarbonée.

Quartier de la Fontaine d’Ouche à Dijon.

Un laboratoire à échelle réelle

Si le concept de bâtiment ou de quartier à énergie positive n’est pas nouveau, le projet dijonnais se distingue sur plusieurs points, notamment par sa taille (c’est la plus importante opération d’autoconsommation collective menée jusque-là en France) et par la nature du quartier concerné : « La plupart des projets de ce type portent sur des bâtiments neufs. Ici, on part d’un quartier existant, avec une grande majorité de logements  qui datent de 1970 et nécessitent une rénovation massive. In fine, ce projet doit servir l’intérêt et le confort des habitants, qui doivent y être étroitement associés, par le biais de réunions d’information et de coaching énergétique notamment », précise Yves Chevillon. La « typologie » du quartier de la Fontaine-d’Ouche étant relativement commune, cela permettra de dupliquer les solutions dans six autres villes européennes « suiveuses » dont Bruxelles et Saragosse. 

« Cette dynamique partenariale permet de travailler en commun et de bénéficier des retours d’expérience de chacun, ce qui constitue un véritable accélérateur de volonté politique en vue d’atteindre l’objectif que l’Europe s’est fixé : 100 quartiers à énergie positive d’ici 2050, ajoute Jean-Patrick Masson, vice-président de Dijon Métropole en charge de la transition écologique. À l’échelle de Dijon, on réfléchit déjà à reproduire ce modèle de quartier à énergie positive sur le CHU et le campus universitaire. » 

Sur ce plan en 3D, on distingue, en jaune au premier plan, un des deux Positive Energy Blocks (« Îlots à énergie positive ») du projet Response mené à la Fontaine-d’Ouche. Une maquette interactive du dispositif est visible à la bibliothèque du quartier. 

Plus de 1  100 habitants concernés

Concrètement, le projet Response concerne deux ilots de la Fontaine-d’Ouche (voir plan ci-dessus) engagés dans une opération de renouvellement urbain et raccordés au réseau de chaleur de Dijon Métropole, qui rassemblent quelque 1 100 habitants, cinq immeubles gérés par Orvitis et Grand Dijon Habitat, deux écoles et un gymnase. Au programme du chantier : isolation thermique des bâtiments, alimentation en énergie renouvelable (principalement via des panneaux photovoltaïques installés en toiture ou en façade), pilotage énergétique multi-échelles (logement, bâtiment, quartier)… D’ici deux ans, planning imposé par la Commission européenne oblige, toutes les installations seront en place, avant une période de suivi et d’évaluation sur les trois années suivantes, qui débouchera sur un modèle de quartier à énergie positive fiable et durable. 

L’équation parait simple, mais ne se résume pas à la simple formule « produire plus d’énergie qu’on en consomme ». Encore faut-il arriver à mettre les sources et les besoins en adéquation, comme l’explique Jean-Patrick Masson de façon imagée : « Prenez l’exemple de panneaux solaires posés sur les bâtiments : ils produiront le plus en journée, quand la consommation est la plus faible. Pour que les habitants en profitent en fin de journée, il faudra trouver des solutions de stockage de cette énergie renouvelable mais intermittente. » 

Tour à tour producteur et consommateur

Ainsi, le projet aura notamment recours au vehicle-to-grid (« du véhicule au réseau ») afin de stocker de l’énergie dans la batterie de véhicules électriques. Sachant que ces derniers passent la majorité de leur temps en stationnement, le réseau pourrait puiser dans leurs batteries l’électricité nécessaire pour répondre aux fortes demandes (lors du pic de début de soirée par exemple) ou pour palier à un manque ponctuel de production (lorsque la météo ne permet pas d’exploiter les énergies renouvelables notamment). Le pilotage de ce système complexe, où chacun est tour à tour producteur et consommateur, va nécessiter une gestion très fine des données en temps réel. D’où l’élaboration d’un outil de suivi et de planification des données (consommation d’énergie, mais aussi qualité de l’air ou température…) qui s’appuiera sur le réseau numérique OnDijon existant. 

Écologiquement plus vertueuse, cette autoconsommation raisonnée de l’énergie produite sur place va permettre aux citoyens de devenir des acteurs du système énergétique local. Car ce sont bien les habitants des ilots concernés qui sont au cœur du projet : « Il  ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit avant tout d’un projet au service des habitants du quartier, de ceux qui vivent ici au quotidien », conclut Jean-Patrick Masson.    —

Le projet Response en chiffres
Durée : 5 ans (2020-2025)
Consortium : 53 entreprises de 13 pays, dont EDF Bourgogne-Franche-Comté, Ville de Dijon, Université Bourgogne-Franche-Comté, Eifer, Enedis, Grand Dijon Habitat, Orvitis, Bouygues, Fafco, Atmo BFC, OnyxSolar, Coriance, OGGA, Civocracy, Nano Sens, Wittym, Panga, CENT, ESTP, CCI/ESADD, Rectorat, ainsi qu’une dizaine d’entreprises et start-up locales.
Budget total (Dijon, Turku et villes suiveuses) : 23,5 M€ 
Financement apporté par la commission européenne : 18,2 M€ 
Budget global des actions sur le territoire de Dijon Métropole : 9,1 M€
Financement par la commission partenaires : 7,4 M€
Nombre de logements concernés : 487 pour plus de 1 100 habitants
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