— Les chambres de commerce et d’industrie de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire vont renaître en une « super » CCI Métropole de Bourgogne. 2021 est donc le millésime  de la consécration de la Cité des affaires et du siège de la CCI, cet imposant ensemble qui règne tel un vaisseau amiral dans le quartier Clémenceau à Dijon… Xavier Mirepoix, en bon capitaine, rappelle que les vents contraires rendent plus forts ceux qui les affrontent !

2004. La place du Théâtre ne manque pas de charme. Elle a les faveurs des touristes mais s’avère peu pratique pour abriter, en son ancienne église Saint-Étienne, les services de la chambre de commerce et d’industrie. Non seulement parce que les temples ont toujours eu quelque difficulté à cohabiter avec leurs marchands, c’est inscrit dans les saintes écritures, mais parce que la configuration des bâtiments est peu compatible avec l’exercice et l’image d’un développement économique qui prêche plus pour l’innovation et la technologie que pour les cérémonies religieuses. « Ce site historique était devenu le maillon faible, il imposait des contraintes importantes, générait des dysfonctionnements au quotidien », résume l’actuel président de la CCI Côte-d’Or Dijon Métropole, Xavier Mirepoix. 

C’est alors que se profile la future Cité des affaires, dans un quartier Clémenceau en pleine ébullition architecturale. Le cabinet Arquitectonica (Miami), les architectes locaux Bougeault-Walgenwitz et leur confrère parisien Richard Martinet sont les premiers désignés pour faire de cet espace « le cœur économique et culturel de la région ». Avec la naissance de l’Auditorium en 1998, ce triumvirat propulse Dijon dans une nouvelle ère. Suivront d’autres réalisations audacieuses, de différents architectes à la renommée internationale. Dans l’ordre : la tour Elithis (2009), le Marbotte Plaza (2011), l’impressionnant rectorat (2013) ou encore le Clémenceau Plaza (2018). Au milieu de ces bâtiments de dimension et de conception inhabituelles pour Dijon, tel le phare économique d’un avenir radieux, la siège côte-d’orien de la CCI rayonne.

En haut à gauche : l’ancienne église Saint-Étienne, siège de la CCI de Dijon jusqu’en 2007, abrite désormais la Nef, la bibliothèque municipale du centre-ville de Dijon. Le rectorat de l’académie de Dijon (à droite) et la tour Elithis à côté de l’Auditorium (en bas), deux bâtiments emblématiques de la Cité des affaires implantée dans le quartier Clémenceau. 

CCI Métropole de Bourgogne

Le résultat a rejoint les ambitions. Connecté en tout point (tram, réseau de chaleur, internet, transports doux), le bâtiment de la CCI s’impose au cœur d’une nouvelle ville dans la ville, où le business et le loisir mènent la danse, au diapason de la modernité. « Aujourd’hui, une quarantaine d’entreprises de conseils et de services, publiques ou privées, bénéficient de parkings souterrains et de la connexion au tramway depuis 2012. Tout cela crée du lien social, facilite travail et échanges. »

Il est vrai que la mixité du quartier est inspirante. Vie professionnelle, vie culturelle et vie sociale, incarnée par la présence de logements proches, forment une trilogie cohérente, que l’on pourrait assimiler à un art de vivre inscrit dans son époque. La qualité des programmes de l’Auditorium, la proximité du conservatoire de musique et de l’École des greffes, sans oublier les incontournables palais des congrès et palais des sports, font de Clémenceau le noyau dur des activités à Dijon. Avec ce qu’il faut de tables et de brasseries autour.

On aurait pu croire le costume trop grand pour une chambre de commerce et d’industrie qui, à l’époque de l’église Saint-Etienne, n’exerçait son influence que sur la région dijonnaise. Mais les CCI de Dijon et Beaune ont fusionné en 2010. Puis, dix ans plus tard, après un long de travail d’approches et, sans aucun doute, un coup d’accélérateur donné par la « mise à la diète » des chambres consulaires voulue par l’État, la CCI de Côte-d’Or et sa cousine saône-et-loirienne finissent par voter à leur tour leur réunion.

2021 sera donc vécu comme un enterrement de première classe pour les deux chambres de commerce qui renaîtront, tel le Phénix, à travers une « super » CCI Bourgogne. Xavier Mirepoix assume ce choix : « Avec le technoport de Pagny en 2008, nous avions déjà perçu l’intérêt de confier la gestion d’un de nos ports à nos voisins de Saône-et-Loire, plus expérimentés sur ce sujet. De plus, nos forces économiques sont comparables et nous représentons à nous deux 45 000 à 46 000 ressortissants économiques. Soit un peu moins de la moitié de la région Bourgogne-Franche-Comté. Il faut voir cela comme un atout ! »

La formation et la création des entreprises, la communication et le marketing ont anticipé cette mutualisation de moyens, rendue nécessaire dans un contexte où les chambres consulaires sont contraintes de chercher de nouvelles ressources pour vivre. « Cela fait toujours du bien de prendre un petit coup de pied aux fesses, ironise le président Mirepoix. Cette nouvelle dimension nous donne une nouvelle marge de manœuvre pour déployer nos missions, elle nous rend incontournables sur l’axe Paris-Lyon. »

Une taille métropolitaine

Pas question pour autant de céder à un jacobinisme sauce moutarde. Les territoires conservent leurs pouvoirs régaliens, « car ce qui est vrai pour un territoire ne l’est pas ailleurs et je suis contre la centralisation. Une délégation de Saône-et-Loire y pourvoit, dans le respect de la logique et du bon sens ». Une logique basée sur le grand écart nécessaire entre d’un côté les économies d’échelle, et de l’autre l’affichage d’une plus grande puissance de tir au service du territoire et de ses entreprises. Certes, d’autres étapes sont à franchir. En Franche-Comté, le Doubs et la Haute-Saône sont passés par la même phase. Mais les autres départements (Jura et Territoire de Belfort côté comtois, Yonne et Nièvre côté bourguignon) ne viennent pas au-devant de la démarche. Un jour prochain peut-être. Inéluctablement, car la machine est en route.

En attendant, le futur siège de cette CCI 21/71 se remplit de ses missions et se prépare à vivre à plein régime son destin amiral. La Caisse des dépôts et consignations, tout comme la Chambre régionale de commerce y cohabitent en bonne intelligence avec la super CCI Bourgogne naissante. Une démarche d’audit énergétique, en lien avec l’Ademe, a été lancée en 2019 pour « optimiser l’efficacité énergétique du bâtiment, réduire ses émissions de gaz à effet de serre pour répondre aux exigences du décret du 25 juillet 2019, concernant les bâtiments tertiaires de plus  de 1000 m² ». On investit donc en pensant au confort et au bien-être des usagers. Ce qui permet à Xavier Mirepoix de confirmer que « le costume est bien à la bonne taille ». Une taille XXL, métropolitaine à l’évidence.    —