— Avant même son 10e anniversaire, le MuséoParc Alésia s’offre un superbe cadeau et va en faire profiter ses visiteurs dès 2021 : une nouvelle exposition permanente, avec tout à la fois plus de pièces archéologiques provenant du site et plus d’interactivité pour les faire vivre. De quoi satisfaire les magisters et la vox populi !

Exploré par Napoléon III depuis 1860 et encore régulièrement fouillé aujourd’hui, Alésia est certainement un des sites français les plus étudiés par les archéologues sur la durée, qu’il s’agisse des vestiges du siège de 52 av. JC ou de la ville gallo-romaine qui s’est par la suite développée sur le plateau. Rassemblé dans l’ancien petit musée d’Alise-Sainte-Reine fermé au public depuis 2005, le fruit de tant d’années de grattage et d’exhumation attendait sagement son transfert dans le musée archéologique que l’architecte Bernard Tschumi avait prévu dans son projet initial. Un second bâtiment circulaire, similaire au centre d’interprétation existant mais recouvert en pierre de bourgogne, dont le report sine die (auraient dit les Romains) a été acté par le Département en septembre 2018 pour des raisons de budget. « La réalisation de cet équipement n’est pas annulée, mais reportée, précise Marc Frot, conseiller départemental et président de la SPL (société publique locale) MuséoParc Alésia. Pour l’instant, le projet est jugé trop cher (ndlr, plus de 20 millions d’euros) compte tenu des priorités et des baisses de dotation du Conseil départemental. En attendant, la nouvelle scénographie de l’exposition permanente du centre d’interprétation va nous permettre d’intégrer le meilleur de ce mobilier archéologique au parcours de visite. »

Le MuséoParc Alésia entre archéologie et numérique

Dans les tuyaux depuis plus de deux ans, ce projet de plus de 3 millions d’euros, piloté par la cellule Développement du site d’Alésia du Conseil départemental, ne se contentera pas de montrer des collections archéologiques en plus, mais sera bien une refonte complète de l’exposition permanente du MuséoParc. Son directeur, Michel Rouger, savoure la chance de bénéficier d’un tel renouvellement : « Une scénographie a une durée de vie d’une dizaine d’années en théorie, mais dans les faits, rares sont les établissements culturels qui peuvent se permettre d’en changer aussi souvent, surtout complètement. C’est vraiment un beau cadeau et une réelle opportunité pour notre site, qui fêtera ses 10 ans en 2022. » 

Début décembre 2020, les choses sérieuses commencent avec le démontage complet de l’ancienne exposition. Même les statues géantes des guerriers gaulois et romains de l’emblématique galerie des combats, qui accueillaient le visiteur dès l’entrée du parcours de visite, ont dû rendre les armes. D’ici juin 2021, si tout va bien, le centre d’interprétation devrait pouvoir montrer le nouveau visage de sa scénographie, confiée à l’Agence Clémence Farrell. « Le projet m’a tout de suite attirée, moins parce qu’il était important en termes de budget et que le MuséoParc Alésia est un établissement culturel de renom, que pour la puissance symbolique de ce site aux sources de notre histoire, tout comme l’Historial Jeanne d’Arc sur lequel nous sommes déjà intervenu, explique Clémence Farrell, également fondatrice de la société de production Muséomaniac en charge de la conception audiovisuelle et multimédia de la nouvelle exposition permanente. Pour la métisse antillaise que je suis, travailler sur de tels symboles de la Nation française a une signification particulière, même si ça déplait à certains. » Selon Michel Rouger, « c’est sa proposition qui a su le mieux faire la part entre la prise en considération de véritables objets archéologiques, et une immersion numérique associée à un certain plaisir de la découverte ».

[👷‍♀️ Avancement du chantier ⚒] L'espace d'exposition permanente est désormais entièrement vide. Ça change non ? 👷

Publiée par MuséoParc Alésia sur Vendredi 11 décembre 2020

L’histoire au service du territoire

Concrètement, la colonne vertébrale de la nouvelle exposition suivra le large couloir qui fait le tour du bâtiment circulaire, le long de la baie vitrée. Suivant le fil rouge de l’archéologie, le visiteur s’y promènera le long d’une grande frise chronologique ponctuée par une quinzaine de vitrines où seront exposés des pièces emblématiques découvertes sur le site. Le numérique se mettra ici au service de l’histoire : sur les vitres, un dispositif d’écran transparent permettra de faire apparaitre des informations et des animations dynamiques pour éclairer le visiteur sur ces objets parfois obscurs.

Dans le même esprit, un autre dispositif très ludique permettra de se glisser dans la peau de guerriers gaulois et romains grâce à une technologie genre Kinect (ndlr, périphérique de jeu video permettant de contrôler une interface sans utiliser de manette). Le parcours de visite se terminera par un dernier espace dédié au mythe gaulois du XIXe siècle à nos jours, une sorte de cabinet de curiosités qui traitera le sujet par le petit bout de la lorgnette à travers la politique, l’école et la publicité.

Outre l’archéologie, c’est le territoire qui sera remis à l’honneur dans cette nouvelle exposition permanente, au-delà du seul siège d’Alésia. Ainsi, tout l’enjeu du projet de la nouvelle scénographie est de mettre en regard les collections et la très longue période d’occupation humaine du site, du Néolithique à nos jours. Dans cette optique, une salle sera consacrée à l’histoire du village d’Alise, longtemps voué au culte de sainte Reine. Entre roman national et développement territorial, le nouveau MuséoParc devrait faire  lien, comme l’espère Marc Frot : « Après une bonne année 2019 (ndlr, 80 000 visiteurs) et une année 2020 où nous n’avons pu ouvrir qu’à mi-temps, la nouvelle scénographie devrait booster les visites et permettre au MuséoParc de jouer son rôle de locomotive touristique pour la Haute Côte-d’Or. Avec le musée Buffon à Montbard, le château de Bussy-Rabutin ou l’abbaye de Fontenay à proximité, il y a de quoi faire ! »     —

ZOOM SUR : L’expo permanente du MuséoParc Alésia
Pas moins de « 650 à 800 pièces archéologiques selon les comptages », toutes passées par l’atelier de restauration, vont intégrer l’exposition permanente du MuséoParc. Responsable des collections archéologiques au sein de la cellule Développement du site d’Alésia au Conseil départemental de Côte-d’Or, Patricia Janeux nous en dit plus sur l’esprit du nouveau parcours de visite : « Gardant une part importante pour la période du siège, cette nouvelle présentation permettra de comprendre pourquoi Vercingétorix se réfugie à Alésia, quel peuple gaulois est installé sur le mont Auxois à son arrivée, que devient Alésia après le siège de César… Dans cette optique, le matériel archéologique a beaucoup à nous apprendre : par exemple, les monnaies nous donnent des indications sur les peuples avec lesquels commerçaient les Mandubiens (ndlr, la tribu gauloise locale) et les inscriptions testamentaires sur l’organisation sociale. »  Ainsi, les visiteurs découvriront des pièces gauloises jamais présentées, dont certaines découvertes récentes, comme un bassin en bois, des ex-voto ou des restes de banquet. Ils pourront aussi admirer un florilège d’objets gallo-romains de l’agglomération qui s’est développé à Alésia du Ier au IIIe siècle, permettant de faire un pont avec les vestiges visibles sur le site. D’autant qu’une application permet désormais de visionner les ruines reconstituées en 3D sur une tablette tout en se baladant. Bref, devant la richesse archéologique du site, le choix des collections a été difficile, d’où la mise en place d’une exposition modulable et amovible afin de pouvoir présenter d’autres trésors dans les années à venir. 

Ouverture du MuséoParc Alésia le 15 février 2021 – Infos et programme ici