— Moins de trois ans après sa création, la dénomination géographique complémentaire Bourgogne Côte d’Or a déjà conquis les deux tiers de sa surface potentielle. Elle permet, enfin, à l’identité viticole du département de la Côte-d’Or de s’affirmer pour elle-même… fusse au prix d’un tiret disparu.

Personne ne contestera la nature profondément viticole du département de Côte-d’Or, au point que certains s’imaginent que son nom vient directement de l’aspect de la côte, à l’automne, lorsqu’elle se pare d’or. Il n’en est vraisemblablement rien, l’or de la côte faisant vraisemblablement référence à l’orient, l’est, qu’elle regarde. La question ne peut être définitivement tranchée : le Comité de Division de l’assemblée constituante de 1790, qui a défini les départements et leur nom, toujours en référence avec des éléments naturels comme les reliefs et les cours d’eau, ne nous a pas transmis les traces de ses discussions pour la Côte-d’Or. Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, l’identité départementale demeurait absente des étiquettes des vins d’ici, estampillés Bourgogne, sans plus de précision. 

Depuis 2017, les choses changent, avec l’arrivée d’une dénomination géographique complémentaire Bourgogne Côte d’Or (sans tiret !). Celle-ci concerne potentiellement 1 000 hectares de terres (600 hectares pour les blancs et 400 pour les rouges), situées sur les Côtes de Beaune et de Nuits, qui s’étalent sur une bande de terre de 65 km de long et 1 à 2 km de large. Le succès est immédiat, et, en moins de trois ans, près de 700 hectares sur les 1 000 potentiels ont déjà été « revendiqués ». « Ce succès est logique et devrait se poursuivre. Il n’y a pas de raison que tous les vignerons concernés ne revendiquent pas la dénomination. Celle-ci s’inscrit dans la mode de la traçabilité et permet de se distinguer du Bourgogne générique, qui représente environ la moitié de la production de vins de Bourgogne », analyse Philippe Charlopin, président d’une appellation pour laquelle il a ardemment milité.

Et de l’ardeur, il en a fallu : cette 14e dénomination géographique complémentaire a exigé pas moins d’une vingtaine d’années de palabres administratives… Les terres d’élection du Bourgogne Côte d’Or sont les piedmonts qui jouxtent les villages ou les premiers crus de la Côte de Beaune et celle de Nuits. Mais, dans certains cas, la dénomination pourra même être préférée à l’appellation village, quand celle-ci est méconnue. « Les villages un peu moins côtés, sans offenser personne, comme Chorey-lès-Beaune ou Santenay peuvent y avoir intérêt », estime le vigneron de Gevrey-Chambertin. Dans tous les cas, la dénomination Bourgogne Côte d’Or est un atout à l’export, un moyen de rapidement séduire les acheteurs étrangers, en s’appuyant sur la notoriété des plus célèbres bourgognes, situés dans le 21. Elle présente aussi un gros intérêt en matière de rendement, du fait de la qualité des terres concernées : un hectare de « BCO » accueille de 9 000 à 13 000 ceps de vigne, contre 5 000 pieds pour les bourgognes génériques.    —

Auxey-Duresses, en Côte de Beaune. Un vieux village viticole, installé dans sa petite vallée verdoyante.