Ce self-made-man a bravé les intempéries économiques pour faire de son agence EMA Événements & Design l’une des plus en vue de son secteur. Bling-bling pour autant, Sylvain Camos ? Pas vraiment. Éprouvé, il préside la branche service de la CGPME Côte-d’Or. Instinctif, il rêve de voyages en terre inconnue, le sac sur le dos. De quoi inventer un mot rien que pour lui : « (événe)mentalist ».

Par Olivier Mouchiquel
Photo : Christophe Remondière 

Un mariage en Toscane ? Une soirée prestigieuse dans un luxueux palace ? Une convention à Paris pour les banquiers, une autre en Bourgogne pour les experts comptables ? EMA est là, pour répondre à tous les besoins, dès qu’il s’agit d’exception. L’agence dijonnaise crée et gère 350 événements par an pour des entreprises, institutions ou particuliers, du moindre décor qu’elle créé dans ses ateliers à la mise à disposition d’hôtes et d’hôtesses. Service compris. Cette agence atypique dispose en effet de son propre atelier de fabrication de décors. Cette patte artisanale repose sur les créations de deux « designeuses » épaulées par les décorateurs et les menuisiers. La Villa Schweppes, l’une de leurs œuvres, fut ainsi élue plus belle place du festival de Cannes…

L’homme qui a imaginé tout cela, en 1993, n’a pas connu les bancs de la fac, loin s’en faut. Le Dijonnais Sylvain Camos a fui l’école en 5ème. « Sans diplôme, j’ai appris sur le terrain en observant les autres, en lisant des magazines. » On ne va surtout pas lui en vouloir pour ça. D’autant que la photo le passionne et il découvre le métier au contact du Dijonnais Patrick Hardel. Avant de partir pour Paris, à la recherche, comme bien d’autres, de son destin.

« Manutentionnaire, je chargeais des camions de mobilier de bureau. Je me suis botté le cul pour trouver un photographe et lui dire « Je vais travailler gratuitement pour vous ». Ce n’est pas l’argent qui me motive, c’est la passion », s’amuse encore ce touche-à-tout créatif qui, au bout du compte, aura tout fait ou presque, le photographe filmeur de mariage ou de reportage, le nègre aussi de grands noms de la photo. Cette expérience de l’apprentissage lui permettra même de devenir l’assistant de Bettina Rheims. Passionnant. L’artiste est alors au sommet de sa forme et des formes. C’est elle qui parodie avec talent la genèse pornographique dans sa série Chambre close…

Résurrection

Puis vient le déclic, plus seulement photographique celui-ci : la découverte de l’événementiel sur les tournées de plage. Sylvain est emballé. Il créé EMA « de toute pièce avec un billet de 500 balles en poche, commençant tout seul à Dijon dans un petit bureau au-dessus du café le Comptoir des Colonies. » Colonnies, après tout, à lui seul ce mot ne rassemble-t-il pas l’esprit de conquête et le goût des voyages, deux marqueurs de la vie de l’intéressé ?

Une affaire qui roule, à son rythme, jusqu’à ce qu’arrive 2001 et les attentats du World trade center. Le marché s’effondre, un peu comme les tours. En deux mois, EMA est placée en redressement judiciaire. Sylvain se retrouve genou à terre : « Les huissiers sont venus prendre mes biens privés, je n’avais plus de maison, plus de voiture. L’enfer. Tu te demandes si tu dois continuer à vivre, à être chef d’entreprise. » Puis se retrousse les manches. Avec son fidèle collaborateur Jean-Christophe Debono, il remonte EMA, s’attaquant à une sorte d’Himalaya qu’il lui faudra affronter des années durant. Le défi de l’entreprise, quand il passe par les fourches caudines du tribunal de commerce, fait de l’entrepreneur un alpiniste de l’entreprise. Il en ressort vainqueur… ou mort.

Ce combat lui donne le l’envie de s’engager auprès de la CGPME. Avec une motivation qui ne souffre pas la contradiction : « Quand tu es mis en redressement judiciaire, on le placarde partout. Quand tu t’en sors, personne ne te dit « Bravo, vous avez payé tout le monde ! » Je me suis engagé dans la vie syndicale parce que je ne souhaite à personne de vivre ça. Ce qui m’a fait tenir ? Mon fils et la personne que j’ai rencontrée qui est aujourd’hui ma femme. Les gens qui m’ont dit de ne pas perdre espoir, que j’avais le droit de me tromper ! »

Aujourd’hui, l’entreprise prospère en France et à l’étranger. Elle a un pied à Marrakech. EMA Ambiances gère la location de matériel. Se profile aussi l’ouverture d’une antenne à Paris. Sylvain Camos a bien fait de persister, contre vents et marées.

Et maintenant, qu’en est-il de la vie au quotidien ? « Je vis de moments simples, seul ou entre amis  », constate le chef d’entreprise, « j’aime la montagne, la solitude et l’horizon. Mon rêve serait de partir avec un sac à dos et découvrir les peuples du monde entier. Tous les gens qui vont au bout de leurs envies me passionnent. Un sportif, un urgentiste qui sauve des vies, quelqu’un qui écrit un livre. » Normal. Le télévangéliste Robert Schuller assurait que « lorsque vous avez de grands rêves, vous attirez d’autres grands rêveurs. » À condition d’avoir aussi les pieds sur terre ! Sylvain Camos réunissant les deux aspects, le rêve et le réalisme, en aurait presque la trempe d’un héros de série. Et si on l’appelait « l’événementalist » ?


EMA Evénements & Design
9 rue Edmond Voisenet
21 000 Dijon
03.80.54.05.90