Par Dominique Bruillot – Photos : Foodtech

Des milliers de startups françaises rivalisent d’imagination pour avoir une place autour de la table. FoodTech a pour mission de dynamiser cet écosystème dont sortiront peut-être quelques futurs pensionnaires du CAC 40. Et c’est la Bourgogne-Franche-Comté qui est aux manettes. Explication.

French Tech a adopté le coq pour emblème. Pour Xavier Boidevezi, il est « l’outil de notre visibilité et (ses) déclinaisons sont on ne peut plus visibles », afin de fédérer les milliers de startups françaises.

French Tech a adopté le coq pour emblème. Pour Xavier Boidevezi, il est « l’outil de notre visibilité et (ses) déclinaisons sont on ne peut plus visibles », afin de fédérer les milliers de startups françaises.

FoodTech est l’un des neuf réseaux thématiques du label national French Tech. Le « monsieur numérique » du groupe SEB, Xavier Boidevezi, en est le secrétaire national. Cet écosystème du net ambitionne de « devenir à cinq ans la référence pour le développement des start-up en Europe ».

Autant dire que la Bourgogne-Franche-Comté tisse sa toile, ou plutôt sa nappe pour la plus grande table du monde.

Une longueur d’avance

Pour bien comprendre où sont les enjeux, revenons au point de départ : la jungle Internet. Une jungle pleine de ressources, avec parfois des idées de génie, d’autres peu recommandables, des fakes, du tout et du n’importe quoi. D’où la nécessité de définir des communautés, de cerner des environnements, de construire des cohérences et des philosophies de projet. En l’occurrence, lorsqu’il s’agit d’économie, on appelle ça des « écosystèmes ». Chassez la nature, elle revient toujours au galop.

Au niveau national, l’écosystème qui labellise un certain nombre d’écosystèmes, neuf pour être précis (1), se nomme French Tech. Depuis quelques mois, Dijon et la Bourgogne-Franche-Comté portent les couleurs d’un FoodTech qui, comme son nom l’indique, abrite tout ce qui touche à l’alimentaire et à sa sécurisation. Dans un espace sans frontières, il faut malgré tout quelques points d’ancrage. « Dijon a voulu se positionner en 2015, trois ans après les premières labellisations », se souvient Xavier Boidevezi, qui a poussé au plus loin le bouchon d’une candidature régionale pour faire élire la FoodTech et en prendre le pilotage. À point nommé. Car selon lui, « SEB avait réfléchi depuis longtemps à ces sujets et avait une longueur d’avance ».

Destin national

Cela a marché. Avec l’aide de l’Université de Bourgogne, de Bourgogne Numérique, de SEB bien sûr mais aussi de nombreux partenaires institutionnels. Avec la perspective d’embarquer dans ce grand mouvement le pôle de compétitivité Vitagora, les grandes écoles de l’agroalimentaire qui font référence entre Dijon, Besançon et Chalon-sur-Saône, trois villes numériquement compatibles avec les ambitions de la FrenchTech.

La machine s’est mise en route, dans une dynamique parallèle, par exemple, au projet dijonnais de la Cité de la Gastronomie et des Vins et à la reconnaissance des Climats de Bourgogne par l’Unesco. « Notre destin est national et notre légitimité est totale », assure celui qui, depuis, est devenu le secrétaire national de l’écosystème révélé. Après tout, lorsqu’il s’agit de boire ou manger, notre grande région ne s’en laisse pas conter.

Xavier Boidevezi est le secrétaire du réseau national French Tech, directeur développement et digital du Groupe SEB et président de l’association FoodTech Dijon Bourgogne Franche-Comté.

Xavier Boidevezi est le secrétaire du réseau national French Tech, directeur développement et digital du Groupe SEB et président de l’association FoodTech Dijon Bourgogne Franche-Comté.

Un enjeu mondial

La France – cocorico ! – non plus d’ailleurs. French Tech a adopté le coq pour emblème. On pouvait difficilement faire plus gaulois. « Mais il est l’outil de notre visibilité et les déclinaisons de ce coq sont on ne peut plus visibles », ajoute Xavier Boidevezi qui voit, dans cet esprit cocardier, le moyen de fédérer les milliers de start-up françaises en salivation autour de la table. La Bourgogne-Franche-Comté prend la main sur un environnement qui lui convient bien, au point de devenir « la porte d’entrée pour n’importe quel entrepreneur dans le monde qui a un projet typé foodtech ».

Notre réputation est un atout. « Si je vis à San Francisco, je me dis qu’en France, ils sont pertinents pour la gastronomie », imagine le pilote en chef. Identifier les acteurs, les fédérer, les activer et les faire rayonner sont les objectifs d’une démarche naissante qui a tout à construire. La région en profitera, c’est une évidence. À terme, d’aucuns y croient, « certaines de ces start-up prendront place dans le CAC 40 ! » Bonne nouvelle, car quand l’appétit va…

Ponts à créer

Dans ses balbutiements, Food Tech s’organise pour mettre en place des fonds. Dans un monde, celui de la toile, où tout est possible, la course aux investissements s’accélère. Il appartient à la FoodTech de saisir sa part du gâteau. Pendant que les politiques font des discours lyriques sur les vertus magiques du net, la jeune génération travaille sur des projets concrets qui ne demandent qu’à être portés. Là intervient le rôle de la FoodTech : révéler, booster, tout faire « exploser » s’il le faut.

Et nos papilles, dans tout ça ? « En dehors du secteur de la haute gastronomie, la France traditionnelle perd des parts de marché, analyse Xavier Boidevezi. Il y a des ponts à créer, qui correspondent aux attentes du nouveau consommateur, il nous appartient de faire en sorte que ces deux mondes parallèles se rejoignent ! » Sur ce point, il faudra bien finir par mettre tout le monde autour de la même table, toques et geeks compris.

(1) Les réseaux thématiques sont au nombre de neuf : HealthTech, BioTech, MedTech, e-sante ; IoT, Manufacturing ; EdTech, Entertainment ; CleanTech, Mobility ; FinTech ; Security, Privacy ; Retail ; FoodTech, Sports