L’ex-international de foot et l’ancien directeur général de la JDA ont chacun leur vie de chef d’entreprise, plus ou moins détachée du sport de haut niveau. Alors que le DFCO remonte en ligue 1, et que d’autres clubs affichent leurs ambitions, on a demandé à Eric Carrière et Olivier Meunier leur avis. Le sponsoring du cru a encore du bon selon eux.

Par Dominique Bruillot
Photo : Christophe Remondière

Dans le vie de tous les jours ils sont, comme qui dirait, « cul et chemise  ». Deux copains qui ont en commun la passion du sport et se sont retrouvés, il n’y a pas si longtemps, dans un stage commun de manager général (deux ans quand même) à Limoges, avec quelques stars du sport dont un certain Zinédine Zidane. Ce qu’ils ont le plus en commun, en dehors de l’âge, c’est Dijon. Une vraie passion pour cette ville. Eric Carrière a gagné le cœur des Dijonnais par son engagement au sein du DFCO. L’ex-footballeur international, proche du président de l’époque Bernard Gnecchi, est l’un des symboles de la capacité de la ville à tutoyer le sommet du foot pro. Quant à Olivier Meunier, tout en étant le local de l’étape, sa longue expérience à la JDA, dont il fut le directeur général, l’autorise à poser un regard plus que crédible sur l’attitude sportive de la capitale bourguignonne.

Aujourd’hui, chacun trace sa route à Dijon. Une activité de négoce du vin à très haut niveau pour le consultant de Canal+ Eric , une activité de consulting pour Olivier, tout en ayant racheté une société de print marketing intimement liée au monde du sport. Dijon est une ville de compétition. Elle remonte une deuxième fois en Ligue1 (DFCO), continue à évoluer parmi les meilleures en basket (JDA), entretient son positionnement de référence dans le domaine du handball féminin et masculin (CDB, DBHB), brille sur la patinoire avec le hockey (Ducs), pédale à toute vitesse avec le plus important club de vélo du pays (SCO) et tente de se refaire une santé avec le rugby (Stade Dijonnais). Elle s’affirme aussi sur le terrain individuel, comme en témoigne par exemple le nageur champion paraolympique Charles Rozoy, tellement fier de représenter sa ville, qu’il a pris place dans l’équipe de François Rebsamen, pas très loin de la première adjointe, l’ancienne kayakiste de niveau international Nathalie Koenders.

Actionnaires du cru

Bref, n’en jetez plus, une ville qui gagne est une ville d’avenir. Eric Carrière le conçoit dans son domaine, « Dijon n’est pas Auxerre ou Sochaux, l’impact est plus fort au niveau des sponsors ». Son « jumeau » de stage rappelle que « 300 associations sportives, 35000 licenciés c’est tout simplement énorme ». Voilà justement le fond de la difficulté, le trop c’est comme le pas assez. Dijon doit gérer tout ce potentiel qui l’a propulsée il y a quelques années, selon le journal l’Equipe, au troisième rang des villes sportives de France. Sans entrer dans le détail des critères de ce genre de classement, la performance est de toute façon enviable sur le papier, mais problématique dans la gestion au quotidien. Les adjoints au sport qui se sont succédés, directement responsables de la distribution des subventions, ont toujours eu à composer avec une discipline non inscrite aux JO : l’art du clientélisme.

Se pose alors la question des financements privés. Le gestionnaire Eric Carrière va droit au but  : «  Si tu n’as pas d’argent, tu ne peux pas gagner, tu es toujours obligé de raisonner en augmentant le budget pour être compétitif, mais il faut que tout cela reste régional, Sochaux s’est fait racheter par les Japonais, et le danger c’est la distance entre l’actionnaire et le sport ». En écho, Olivier Meunier ne peut s’empêcher de témoigner : « la JDA vivait avec 350 PME locales, les gros sponsors étaient là par courtoisie, mais le patron c’est le tissu local, un investisseur qui n’est pas du cru, on ne sait jamais ce qu’il va faire, sans Michel Renault, quoiqu’on en dise, la JDA n’aurait jamais vécu son épopée »

Bon, on résume. Il faut de l’argent, mais de l’argent du cru. « J’ai toujours beaucoup de respect pour celui qui investit dans un club » rappelle à juste titre le footballeur. « On est dans un monde de jeu, c’est pour cela que c’est dur » reprend au bon son camarade de partie. Tous deux sont aussi d’accord sur un point : la Ligue 1 ça booste l’image d’une ville. L’incontestable pouvoir du ballon rond est là. Dijon ayant repris le leadership régional en la matière, le pari est gros cette fois-ci. « Pourtant, tempère Eric, le budget du DFCO est l’un des plus petits de la Ligue1, ce qui peut laisser craindre un nouvel aller-retour en Ligue 2. Mais si tu te maintiens, tu peux mieux te préparer à de nouveaux défis avec une politique sage de recrutement dans les divisions inférieures, ce qui est déjà la philosophie du club. Là, on est dans le durable, dans la valeur ajoutée plus que dans la spéculation ! » Décidément, il parle plus que jamais comme un Bourguignon notre Ariégeois préféré.