Face au miroir de sa propre histoire, Sodiver se souvient qu’elle est née sous un autre nom, à Dijon, au milieu du XIXème siècle, mais avec déjà un Gauthier à sa tête. À la pointe de la technologie liée au verre, l’entreprise prouve aujourd’hui que l’artisanat et la proximité ont encore bien des arguments à faire valoir. Avec Matthieu, la sixième génération assume donc le défi de la transmission en toute transparence.

Propos recueillis par Olivier Mouchiquel
Photo : Christophe Remondière

Les Gauthier, à l’origine, une véritable dynastie de doreurs-encadreurs à Dijon dont Matthieu incarne la sixième génération. En 1848, c’est son arrière-arrière-grand-père qui ouvre un atelier place Bossuet à Dijon. Puis, en 1914, Louis installe le magasin sur les rues des Forges et Musette. Au fil des transmissions, l’entreprise de miroiterie et d’encadrement d’art se développe. « Mon grand-père et ses deux frères ont créé les Miroiteries de Bourgogne, rue Maréchal Lyautey  et par la suite Sodiver  », raconte fièrement l’entrepreneur, « et Sodiver, qui était un gros entrepôt de stockage, redécoupait les plateaux livrés par train pour fournir notre petite miroiterie. »

Dans les années 70, bien avant la réforme territoriale, le père de Matthieu développe ainsi l’atelier et déploie l’activité de l’entreprise familiale sur toute la Bourgogne Franche-Comté. Des équipes de pose répondent désormais aux particuliers et suivent les chantiers. Cette avancée est visionnaire puisque, finalement, c’est Sodiver qui survivra aux Miroiteries de Bourgogne.

Sodiver améliore alors sa technique de travail du verre, développe le sablage, le feuilletage et le façonnage en forme spécifique, se lance dans les hautes technologies avec le biseau contrôlé numériquement et l’impression numérique qui permet de personnaliser une crédence de cuisine avec des motifs et une texture douce au toucher.

Le laquage est utilisé pour l’habillage mural et Sodiver sait réaliser une teinte spécifique qui s’intègre dans l’habitat, on pourra même dans un futur proche insérer des écrans LCD dans les vitrages pour animer les crédences. D’autres métiers se dessinent mais la vocation reste la même, celle du verre et de la précision artisanale.

L’hsitoire des Gauthier remonte au milieu du XIXe siècle. Puis, le grand-père de Mathieu et ses deux frères ont développé l’activité de miroiterie d’art, au début du XXe siècle, comme en témoigne ce spectaculaire moyen de transport. ©Sodiver

L’histoire des Gauthier remonte au milieu du XIXème siècle. Puis, le grand-père de Matthieu et ses deux frères ont développé l’activité de miroiterie d’art, au début du XXe siècle, comme en témoigne ce spectaculaire moyen de transport.

Un cube en miroir

Importatrice exclusive sur la région de produits italiens, Sodiver travaille la « déco » sur mesure. « Nous pouvons fabriquer des gardecorps en verre, des dalles de plancher pour faire des puits de lumière entre une mezzanine et un rez-de-chaussée, une passerelle en verre dans un loft, une douche complètement fermée au milieu d’une pièce », argumente Matthieu. Tout ça, au cœur d’une expertise très large que favorise une réelle disponibilité des stocks. Sodiver est là aussi quand il s’agit, pour la sécurisation d’un commerce, de remplacer au pied levé une vitrine brisée.

L’agencement des miroirs et des vitrines est une autre des facettes de l’activité. Hugo Boss et Longchamp y ont eu recours à Dijon. Sodiver a aussi été sollicitée par Lacoste et Old River, ou encore la Toison d’Or, pour des approches parfois très pointues. Intervenant en conseil auprès d’architectes d’intérieur, la miroiterie a ainsi suivi le projet de cube en miroir intégral à l’entrée du bar de l’Hôtel Le Vertigo et aussi la salle d’attente de Christine Laure à Dijon en verre rose, formant un cube géant.

Vingt-quatre employés dont trois coupeurs, cinq façonniers, hommes et femmes, deux chauffeurs-livreurs et deux équipes de pose composent l’équipe en place. Avec ce sentiment si particulier d’appartenir à une vieille histoire, passionnelle et addictive. « Quand j’étais petit, je trainais avec ma grande sœur dans les bureaux et l’atelier », se souvient le chef d’entreprise, « à 14 ans, pour découvrir le métier, je venais découper et façonner du verre : on peut faire tellement de choses avec ! » Après une école de commerce en Normandie, des études en Pologne et en Russie dans une miroiterie, Matthieu revient épauler son père et prend la tête de l’entreprise. La transmission familiale est assumée en toute transparence et ne concerne pas que le patron : « Nous embauchons des jeunes qui apprennent auprès d’un ancien pour ne pas perdre notre savoir-faire. » C’est ce qu’on appelle sans doute l’effet miroir.


Sodiver
26 rue de Mayence
21000 Dijon
03.80.78.99.90