La Côte-d'Or à vélo : 21 spots sous la pédale

2016 est l’année du vélo en Côte-d’Or, avec un programme impressionnant de rendez-vous et la mise en valeur de jolis circuits. Ces derniers, que l’on peut toujours parcourir d’une autre façon, on ne va pas se mentir, sont une invitation permanente à découvrir le plus beau département du monde. Et ça, on le dit sans chauvinisme aucun ! Mission a donc été confiée à notre photographe Jonas Jacquel, de se mettre en selle et de rapporter dans les sacoches qu’il n’a pas, les images des 21 plus beaux « spots » du territoire. Un bien bel album.

Texte et légendes par Dominique Bruillot
Photos : Jonas Jacquel

La Côte-d’Or est née pour le vélo, elle en a fait son thème officiel en 2016. Paysages somptueux, patrimoine exceptionnel, 300 kilomètres de véloroutes et voies vertes : les conditions sont réunies pour soutenir une stratégie ambitieuse entre tourisme et bien-être. La roue n’a jamais aussi bien tourné pour le cyclotourisme.

Jamais le vélo n’aura été autant chouchouté par nos institutions. Depuis le premier janvier 1998, une obligation légale impose aux collectivités de « créer des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements, lors des réalisations ou rénovations des voies urbaines ». Pour la Côte-d’Or c’est un solide engagement. Le département est hyper vaste il a toujours été un nid à destinations cyclistes.

Les véloroutes et voies vertes ont donc fleuri ces dernières années, sous l’impulsion d’une politique menée à la pédale par le Conseil départemental. Elles représentent 300 kilomètres de déroulé actuellement, accueillant pas moins de 200 000 cyclistes. Une paille.

Le vélo loisir est en plein essor. « Chaque kilomètre d’itinéraire cyclable aménagé génère 70 000 à 100 000 euros de retombées économiques pour le territoire » assurent les promoteurs de ces équipements.

Ce tourisme conduit sur un grand braquet doit aussi beaucoup à l’exceptionnelle proposition paysagère et patrimoniale de la Côte-d’Or. La vélouroute du Canal de Bourgogne offre notamment le spectacle époustouflant d’une succession de cartes postales inoubliables. De la Vallée de l’Ouche à l’Auxois, entre vignes et bocages, villes et villages, châteaux et abbayes, c’est l’eau, le vin et la pierre qui prennent le cyclotouriste par le guidon.

L’inscription des Climats de Bourgogne au patrimoine mondial vient à point nommé renforcer encore un peu plus le dispositif en place. Alors que 2016 est l’année du vélo en Côte-d’Or et celle de l’accueil de la 78e Semaine fédérale internationale de cyclotourisme qui a rassemblé 15 000 participants début août, elle marque le début d’un grand chantier, la véloroute qui relie Dijon à Beaune. Tout en roulant, chacun pourra alors faire l’inventaire grisant des grands crus de la Côte de Nuits et la Côte de Beaune.

Pour la mise en bouche, Dijon Capitale a voulu identifier dans les circuits officiels promus par Côte-d’Or tourisme, quelques points de vue extraordinaires à ne pas manquer en parcourant nos routes à vélos. Le photographe Jonas Jacquel, visiblement très heureux de se voir confier ce genre de mission, a symboliquement sélectionné 21 « spots  » en référence au numéro du département. Et il reste de la marge à découvrir, croyez-le bien.

La belle Bèze : Bèze, on n’a pas de mal à l’imaginer, fait partie de l’association des communes de France aux noms chantants, tout comme Corps-Nuds en Bretagne et Vinsobres dans la Drôme. C’est aussi le nom d’une courte rivière dont les sources se dévoilent ici, dans des grottes magiques révélées par des spéléologues dijonnais il y a une soixantaine d’années. Un endroit de toute beauté.

Mach 2 entre les tours : Ces épaves qui font peur appartiennent à une collection privée d’avions de chasse construite avec passion par le propriétaire du magnifique Château de Savignylès-Beaune.2500 maquettes d’avions complètent cet espace d’exposition, dans un lieu tout simplementbluffant. Michel Pont propose deux autres musées à la visite, l’un consacré à la moto ancienne, l’autre à la voiture de course Abarth. Sans oublier une visite du château et une dégustation du vin maison.

L’histoire vue d’en haut : Qui peut encore prétendre quela Bourgogne est plate ? Pas celui qui pousse le coup de pédale jusqu’à rendre visite aux fantômes des siresde Vergy, dans leur forteresse avec beaudonjon. Mont-Saint-Jean n’a ni amant ni chanson pour saluer ses amants.Enfin, pas à notre connaissance.©Jonas JacquelMais d’en haut, le village fait les yeuxdoux à la vallée dans laquelle coulentle Doran et le Serein. A mi-cheminentre Bibracte et Alésia, l’histoireprend ici de la hauteur.

Remparts records : Aux sources de la Tille il y a Salives, village conservatoire s’il en est avec tout ce qu’il faut à l’intérieur : donjondu XIe siècle (18 mètres de hauteur !), 1,4 kilomètre de remparts qui ceinturentla commune, un lavoir aux miracles, un puits fortifié et une amie de Georges Sand, Jeanne Arnould-Plessy dont peut fleurir la tombe. A part ça, c’est surtoutun village magnifique.

Se la couler douce : Son bourg historique est une île cernée par la Saône et la Vieille Saône. Autant dire que Pontailler-sur-Saône, auxconfins de la Bourgogne et la FrancheComté,cultive son statut de station verte et nautique. La Maison de l’eau, de la Pêche et de la Nature n’est pas loin,c’est tout un programme qui s’annonce. Sur les berges luxuriantes de la paisible et large rivière, on n’a donc pas fini de se la couler douce.

L’Ouche, aux sources : Nous sommes à une quinzaine de kilomètres de Beaune, près dessources de l’Ouche qu’il faut aller chercher un petit kilomètre plus loin,par les sentiers. A Lusigny-sur-Ouche,ses vieilles pierres et ses villégiatures que les Anglais adorent. L’un des plus charmants villages de la Bourgogne.Un coin reculé pour les amoureux de la nature, en quête de tranquillitéet à l’écoute d’une eau vive qui passe sous les ponts de pierre.

Belle gueule médiévale : La belle Semur, son décor de carte postale,sa célèbre Tour fendue, ses Fêtes de la bague,sa rivière (l’Armançon) qui se tortille et sa fantaisie médiévale. Par tous les temps, par tous les vents, cette petite ville a une gueuleincroyable. Un pur joyau du patrimoine quibrille par sa culture (voir notre article sur Charles Gassot en page 132) et la richesse de son artisanat.

Château en vue : Il y a dans la plaine de l’Auxois quelques promontoires sur lesquels s’exhibent certains joyaux de l’époque médiévale. Ces deux grimpeurs ont le fabuleux châteaude Châteauneuf-en-Auxois en point de mire. On peut aussi y aller tranquillement, à côté de son vélo, pour savourer un verre à la main le cadre exceptionnelde l’un des plus beaux villages de France.

Château des beaux esprits : François Premier et Heni IV y séjournèrent, signe d’un rayonnement historique. Place-frontière puis résidence d’agrément, le château de Fontaine-Française sera finalement transformé en une confortable demeure de style classique sous le Siècle des lumières. Voltaire et la féministe Madame de Staël y tremperont leur plumes et feront les beaux jours des salons de ce magnifique château aux 372 tilleuls.

Regard de bovin : Sur le chemin qui sépare Bure-les-Templiers de la source de la Douix, le cheval ignore ces bovins qui le contemplentbêtement. Dans ce pays de marais tufeux, le nature reprend toujours le dessus et chacun fait ce qu’il doit faire. Le Châtillonnais sera bientôt parc national, une perspective qui révèle toute l’attention que ce territoire méritepour sa préservation.

La verte vallée : Au pied de Mâlain coule la vallée enchantée de l’Ouche, l’un des parcours les plus enthousiasmants de la Côte-d’Or, pour qui se met en selle sur l’ancien chemin de halage.Produits régionaux, écluses de charme,petit train à l’ancienne, villages fleuris… La balade s’annonce inoubliable.©Jonas jacquel

Du haut de la falaise : Il y a Mâlain, ses ducs et ses sorcières que le village célèbre un an sur deux. Puis, 4 petits kilomètres plusloin, les roches de Baulme-la-Roche. Un petit coup de pédale et vient la récompense d’un point de vue exceptionnel, véritable site d’observation de la faune et de la flore locales.

L’esprit des moines : Mieux que la cave de la Tour d’argent, un périple dans les vignes qui entourent le Clos de Vougeot. En quelques mètres seulement, on passe d’un grand cru à l’autre, sous la bienveillance des espritsdes moines qui èrent dans le vieux pressoir du château des Chevaliersdu Tastevin. Ici se joue le destin de la grande Bourgogne, dans des grands banquets somptueux, au rythme de bans bourguignonshurlés comme un chant patriote.

Naturellement fortifié : Le village semble jaillir de la forêt, il est pourtant bien assis sur sa plate-forme naturelle.Grancey-le-Château, ou plutôt Grancey-le-Château-Neuvelle a tous les attributs d’une place forte. Il en fut une qui sera détruite à la demande de Philippe le Bon, chagriné par ses démêlés avec Charles VII. Un nouveau château fut reconstruit en lieu et place de l’ancien, au début du XVIIIe siècle. On le surnomme « le petit Versailles de Bourgogne ».

Direction terminus : Un voyage au Bout du monde, pas très loinde Nolay, ne se refuse pas. Surtout quandil ne demande qu’un petit quart d’heurede marche. Au fond du vallon, une hautecascade et une belle grotte font leur cirque.Ce cadre enchanteur ressemble à s’y méprendre à une reculée jurassienne. La Cozanne s’est chargée du décor. Elle a façonné un vieux calcaire formé il y a pourtant près de 170millions d’années !

Sigo et la Seine : Quand on arrive sur les hauteurs de Saint-Seine-l’Abbaye, dans un sens comme dans l’autre, on ne voit qu’elle, la citadelle éternelle d’un village dont le nom évoque les très proches sources du fleuve qui traverse Paris. Seine aurait d’ailleurs pour origine Sigo, le nom d’un moine du cru et du VIe siècle. Ce qui en ditun peu sur les origines lointaines de cette abbaye qui sera brûlée au XIIIe siècle puis reconstruite à la fin du XVIe siècle.

Le jardin de l’Unesco : En 1996, Peter Holmes fut sollicité par les propriétaires de Fontenay pour redessiner les jardins de l’abbaye inscrite au patrimoine mondialde l’Unesco. Plus rien à voir donc,  avec le Jardin des Simples dans lequelles moines faisaient pousser les plantesnécessaires à leur alimentation et à leurs soins. Mais la puretédes lignes et la quête d’harmonie  voulues par le paysagiste font de cet écrin vert un espace apaisant et inspirant.

Un bout de granite : Il y a Saulieu puis le Morvan. Comme les trois autres départementsbourguignons, la Côte-d’Or revendique son morceau de Bourgognegranitique. Ne parle-t-on pas, après tout, du Pays de l’Auxois-Morvan ? Aux abords de la moyenne montagne, les lacs et les rivières ouvrent le champ des possibles pour le vététiste aventurier. Les amateurs de marche ont pour eux le GR13, il ne passe jamais très loin.

Entre deux eaux : Sombernon est une commune en progression. Bientôt elle passera le cap du millier d’habitants. Sans doute par ce qu’elle est jolie et bien placée sur la ligne de partage des eaux des bassins de la Seine et de la Saône, chère à Vincenot. Proche de la bretelle autoroutière qui relie à l’A6, on est déjà sur la route qui mène au barrage de Grosbois, une destination très prisée des Dijonnais.

Entre ciel et terre : Les parfums de la fabuleuse fabriquedes anis conduisent à cet extraordinaire village fortifié dont l’architecture révèlel’insoupçonnable richesse artisanaled’une époque lointaine. Flavigny-surOzerainappartient au cercle fermé et officiel des « plus beaux villagesde France », c’est un fait. Mais il est surtout, entre ses remparts, un étonnant point de rencontre historique entre les mondes paysan et ecclésiastique. Entreles promesses de la terre et le ciel promis donc.

Le grand Pardon : Tout bonnement le plus important port de tourisme fluvial de France. Saint-Jean-de-Losne est un carrefour de voies fluviales entre la Saône, le canal de Bourgogne et le canal Rhin-Rhône. Ce minuscule bout de commune (0,6 km2 dont0,36 km2 d’eau!) est un point stratégique pourle commerce et une capitale marinière, dontles quais s’animent chaque année de leurtraditionnelle Fête du Pardon.